Dans un contexte mondial de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique, le charbon, longtemps considéré comme un combustible polluant, est en pleine métamorphose. La filière du charbon écologique émerge comme une alternative prometteuse, alliant performance énergétique et réduction des émissions de CO2.
Nous avons rencontré la gérante de Mi-arina, pour discuter des dynamiques actuelles du marché, des défis technologiques et des opportunités de développement de cette filière innovante. Elle explique comment le charbon écologique se positionne comme un acteur clé de la transition énergétique.
D’où l’idée de produire du charbon écologique vous est-elle venue ?
Cela fait quatre que la société a été formalisée. Mes parents sont ruraux et ils ont commercialisé du bois de chauffe et du charbon de bois du côté de Manjakandriana. Au fil du temps, la forêt se raréfie. Nous nous sommes demandés que faire face à cela et la réponse nous est venue : le charbon écologique. Cela se fait déjà à l’étranger. Nous avons notre usine à Manjakandriana.
Qu’est-ce qui caractérise vos produits ?
Nous privilégions les déchets biodégradables venant des entreprises, ou des débris végétaux par exemple, que l’on transforme en carbone grâce au broyage, on y ajoute d’autres matières et le tout va être malaxé, puis transformé en briquettes. On procède enfin au séchage.
Où vous approvisionnez-vous en matières premières ?
A Antananarivo, pour collecter les débris de charbon, on collabore avec une association : des femmes vulnérables se chargent de la collecte et nous achetons. Dans les campagnes, nous travaillons avec les ruraux pour collecter et carboniser les débris végétaux que nous achetons également.
Tout le matériel nécessaire à la production est-il disponible à Madagascar ?
Certaines machines sont fabriquées à Madagascar mais ne durent pas longtemps et ne permettent de produire qu’environ 600 kilos par jour. Nous en importons également en précisant nos besoins à travers une fiche technique, en l’occurrence des engins capables de produire 6 à 8 tonnes par jour.
Comment le marché se porte-t-il ?
Notre entreprise est membre de Madagascar Clean Cooking Initiative. Le marché est très florissant et nous ne parvenons pas encore à répondre à toute la demande. La plupart de nos clients sont des grandes entreprises, des producteurs d’huiles essentielles ou des gargotes. On se rend compte que tout le monde est conscient qu’il faut basculer peu à peu vers l’énergie responsable. Nous collaborons avec le ministère de l’Environnement et du développement durable pour sensibiliser les ménages à l’utilisation du charbon écologique. Le but de se rassembler entre nous, fabricants de charbons écologique, est de dominer le marché, pour faire en sorte qu’à terme, la moitié du charbon utilisé par les ménages à Madagascar soient écologiques.
Quels sont les avantages de ce charbon écologique, par rapport au charbon de bois ?
Le charbon écologique est 40% moins cher et contribue à protéger l’environnement en préservant de la déforestation abusive. Il émet très peu de gaz carbonique, étant donné que c’est un produit recyclé. Et surtout, la chaîne de valeur crée de l’emploi.
Justement, avec combien de personnes votre entreprise collabore-t-elle ?
A Manjakandriana, nous travaillons avec une cinquantaine de foyers sur la partie recyclage des déchets. L’administration de l’entreprise emploie environ 10 personnes et, à côté, il y a également les revendeurs et les livreurs.
Tiana Ramanoelina