L’assignation à résidence de l’élue de Tsihombe et candidate aux législatives du 29 mai, n’a pas laissée indifférente l’organisme international Amnesty International. Dans son communiqué publié vendredi, il a demandé la libération immédiate de la députée, « arrêtée arbitrairement ».
«Les autorités malgaches doivent libérer immédiatement et sans condition la députée Marie Jeanne d’Arc Masy Goulamaly, arbitrairement arrêtée et accusée d’avoir orchestré des manifestations à la suite d’une plainte officielle qu’elle a déposée
au sujet de la crédibilité des élections législatives du mois dernier», a déclaré Amnesty International dans son communiqué.
Arrêtée le 31 mai à Tsihombe à son domicile, soit 2 jours après les élections, Marie Jeanne d’Arc Masy Goulamaly a été emmenée à Ambovombe où elle est assignée à résidence.
«Il est scandaleux que les autorités malgaches aient arrêté la députée Marie Jeanne d’Arc Masy Goulamaly pour avoir déposé une plainte au sujet de l’équité des élections législatives dans son district», a indiqué le directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International, Tigere Chagutah.
Pour lui, cette détention porte atteinte à la liberté d’expression et d’association prévue dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. «Ces tactiques répressives bafouent les obligations de Madagascar en vertu du droit régional et international relatif aux droits humains, notamment en ce qui concerne le droit de circuler librement et de choisir sa résidence au sein d’un Etat», a-t-il soutenu.
Pour rappel, la candidate avait déposé une plainte auprès des autorités face à des irrégularités qu’elle aurait constatée. Des manifestations ont éclaté, avec comme conséquence l’incendie de deux bâtiments administratifs de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Une enquête a été ouverte conduisant à son arrestation.
Récemment sur les réseaux sociaux, Masy Goulamaly a clamé son innocence et invoqué son immunité parlementaire, conformément à l’article 73 de la Constitution comme quoi, «Aucun député ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions (…) Aucun député ne peut, pendant les sessions, être poursuivi et arrêté en matière criminelle ou correctionnelle, qu’avec l’autorisation de l’Assemblée, sauf en cas de flagrant délit. Aucun député ne peut, hors session, être arrêté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’Assemblée, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive».
De son côté également, le Bureau permanent de l’Assemblée nationale a réagi en demandant la libération de la députée qui jouit encore de son immunité, tout en soulignant que Masy Goulamaly reste parlementaire jusqu’au 1er juillet 2024 et que «toute arrestation ou mesure privative de liberté» doit au préalable faire l’objet d’une levée d’immunité parlementaire.
T.N