Valorisation des déchets solides: du biométhane jaillira d’Andralanitra d’ici un an

En juillet 2025, du biométhane jaillira des montagnes d’ordures d’Andralanitra, à Antananarivo, où une unité de traitement et de valorisation des déchets solides urbains est en cours de construction. Opérationnelle d’ici un an, cette première installation de ce type dans la Grande île permettra de transformer les résidus non méthanisables en compost destiné à l’agriculture. Les travaux ont été lancés officiellement hier.

La Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) et la Société municipale d’assainissement (SMA), d’une part, et la société Apis Solutions, d’autre part, ont signé en novembre 2022, sous la direction de Naina Andrian­tsitohaina, après délibération du Conseil municipal, un contrat pour le traitement des déchets de la Capitale. Cette convention dispose que la pré-collecte, la collecte et le transport de déchets, en tant que service public, resteront à la charge de la CUA et de la SMA. Apis Solutions recycle les déchets.
Et aujourd’hui, Apis Solutions est en pleine construction de cette unité de transformation à 60 à 80 millions d’euros. « Il s’agit du tout premier du genre dans son approche pour Madagascar mais également pour le continent africain, consistant en la valorisation des déchets fermentescibles à partir de deux technologies : la méthanisation et la production de compost. La première unité de méthanisation est en cours d’installation sur le site de la décharge à Andra­lanitra », a fait savoir la présidente d’Apis Solutions, Marie Yvonne Charlemagne, en marge du lancement officiel des travaux de construction de cette unité, hier sur le même site.
« Cette unité traitera 20 tonnes de déchets par jour, générant du biogaz raffiné en biométhane pur à 98%. Ce biomé­thane, stocké en cuves à basse pression grâce au charbon actif, sera ensuite distribué pour un usage industriel », explique Had­rien Richard, ingénieur en biotechnologies d’Apis Ma­dagascar. Un industriel basé à Antananarivo, un des partenaires d’Apis Solu­tions, se serait déjà manifesté pour acheter le gaz qui sera produite à Andralanitra.

Un potentiel de
15.000 tonnes de biogaz

Avec les déchets solides municipaux estimés à 500 et 1.500 tonnes par jour, la première unité produira 392 tonnes de méthane par an, avec un potentiel de 12.000 à 15.000 tonnes une fois les quatre unités de transformation prévues être installées à Antananarivo opérationnelles. De plus, le site de transformation d’Apis Solutions sera entièrement autonome en énergie, grâce à des panneaux solaires et une production nocturne d’électricité à partir du gaz. « Soit une contribution significative pour le mix énergétique du pays », concède Marie Yvonne Char­lemagne. Les résidus seront compostés, générant 800 tonnes de compost par an avec un potentiel de 40.000 tonnes. Une seconde unité suivra, traitant 200 tonnes de déchets organiques par jour.

Dans la pratique, la chaîne de transformation débute par une zone de déchargement où les camions de la SMA déposeront leurs bennes. Les déchets seront acheminés vers une chaîne de tri mixte, mobilisant des chiffonniers locaux, experts en tri des déchets. La partie mécanique de cette chaîne optimisera le processus, classifiant les déchets en 12 catégories, notamment le plastique, le papier, le carton, les gravats et les biodéchets, ces derniers étant transformés en biométhane. Et en raison de la nature mixte des dé­chets d’Antana­narivo, notre innovation majeure est une unité de méthanisation uni­que capable de traiter les plastiques.
A terme, le biométhane produit pourrait remplacer le fioul lourd et le bois énergie. Ce qui devrait transformer les défis environnementaux en opportunités, tout en contribuant à la protection de l’environnement et à l’amélioration de la qualité de vie des habitants. Car, le projet créera 500 emplois directs et de nombreux em­plois indirects.

Arh.

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