Mercredi des idées en goguette: Au pair… de la lune, l’eldorado

Faut-il s’en inquiéter ou prendre cela comme un progrès ? Ambodirotra, rue du Pasteur Rabeony Hans, une place habituellement calme, a pris une nouvelle dimension ces derniers temps, notamment chez les jeunes. C’est en effet là-bas que se trouve le siège de l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne. Il y a de cela quelques an­nées, rares sont ceux qui s’y bousculent pour demander des visas. Ces temps-ci, pourtant, à l’heure de l’ouverture de bureau, une file d’attente des jeunes, probablement entre 18 à 25 ans, est observée sur les lieux. Et pour cause, il s’agit des personnes aspirant à être des jeunes au pair. Aujourd’hui, c’est le sujet en vogue auprès des jeunes qui veulent respirer l’air ailleurs. Trouver un moyen de faire partie de ce programme pour quitter le pays.

A la base, pour ceux qui ne savent pas encore, il s’agit d’un programme international d’échanges culturels, qui permet aux jeunes de vivre à l’étranger, de découvrir une autre culture, et d’apprendre une langue étrangère. En contrepartie, les au pairs doivent aider leur famille d’accueil, notamment en s’occupant de leurs enfants. Aussi, grâce à ce programme, l’échange culturel devient abordable pour les au pairs, et la famille d’accueil bénéficie d’une garde d’enfants flexible et bon marché. A priori, rien à voir avec un travailleur migrant.

Pour autant, ces temps-ci, le programme constitue un salut pour de nombreux jeunes de la Grande île en quête d’eldorado. Cela concerne presque tous les grands pays européens. A part la France, première destination, des informations évoquent d’ai­lleurs l’existence des jeunes malgaches au Lu­xem­­bourg, la Belgi­que, l’Autriche, ou encore l’Allemagne. Plus encore, une grande partie de ces jeunes arrive à trouver des moyens d’y rester en s’inscrivant à des universités ou en trouvant des emplois qui ne correspondent pas forcément à leur diplôme mais qui leur permet de prolonger leur séjour.

Au-delà des questions d’échanges culturels, cette situation devrait en tout cas interpeller des responsables locaux. A l’heure où le pays a plus que besoin de ses forces vives, sans connotation politique, comment se fait-il que les jeunes pensent de plus en plus à vivre sous d’autres cieux ? Ou, mieux encore, est ce qu’il y a encore de l’avenir pour la jeunesse dans ce pays ? Il est difficile de se hasarder à donner des réponses claires en quelques lignes.

Toujours est-il que la balle est dans le camp de ceux qui détiennent des pouvoirs. Car, il est facile de demander à la jeunesse de penser à ce qu’elle pourrait faire pour son pays d’abord avant son intérêt alors que le contexte local est loin d’être idéal à l’épanouissement de soi. Il suffit d’entendre les cris d’alarme des petites entreprises et des travailleurs pour le comprendre face aux défis du quotidien résultant des situations qu’ils ne maîtrisent pas. C’est le cas notamment de la compagnie d’eau et d’électricité avec ses coupures intempestives qui entraînent des catastrophes pour l’économie en général. Résul­tats, même si les conditions de travail à l’étranger sont souvent mauvaises, à l’instar des travailleurs migrants se trouvant au Liban, en Arabie saoudite et au Koweït ou encore à l’ile Maurice, il existe toujours des candidats qui préfèrent tout laisser ici pour avoir… la lune ailleurs. Et c’est dommage pour le pays.

Rakoto

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