Question d’or

Dans la capitale, la rue Andrianampoini­merina (la rue passant devant le lycée J.J. Rabearivelo et l’Institut d’hygiène social) est envahie par les rabatteurs qui travaillent pour les acheteurs d’or clandestins. Clandestin n’est certainement pas le mot juste car ces derniers vous proposent de vous acheter tout métal jaune au vu et au su de tout le monde sans chercher à cacher leur activité.
Cette course vers l’or s’explique par le fait que, sur le marché international, le cours de l’or enregistre un niveau atteint. Hier, l’once d’or (28,35 gram­mes) a dépassé les 2 500 USD, soit plus de 400 000 ariary le gramme. Et Madagascar fait partie intégrante de
l’économie mondiale. Cette embellie du prix de l’or est surtout due aux incertitudes créées par les différentes tensions dans le monde.
De plus, l’or est une valeur refuge privilégiée par les investisseurs. Seulement, à Madagas­car, pour le moment, la vraie valeur refuge reste toujours l’immobilier. C’est ce qui explique toutes ces maisons qui sortent du sol comme des champignons. L’in­sé­curité qui règne n’est pas de nature à encourager les gens à garder de l’or chez soi. On risque de se faire dévaliser à tout moment.
Comme la location d’un coffre-fort auprès d’une institution bancaire n’est pas encore en­trée dans les mœurs des Malgaches, ils préfèrent s’en débarrasser plutôt que de se les faire voler. Par ailleurs, compte tenu des vicissitudes de la vie, il arrive que les gens se trouvent dans l’obligation de se séparer de quelques bijoux en or.
Pour en revenir à ces acheteurs d’or informels, on se demande bien pourquoi les laisse-t-on faire ce trafic qui devient de plus en plus florissant. Ce n’est pas étonnant car on y fait d’énormes profits. Le gramme d’or y est acheté à 200 000 ariary. A ce que l’on sa­che, c’est donc une for­me d’activité in­formelle qui est acceptée de fait.
Mais l’existence d’un tel marché a des conséquences au niveau de l’insécurité vécue au quotidien par les ci­toyens. En effet, d’aucuns ignorent que c’est ce marché parallèle et clandestin de l’or qui alimente les différents trafics. De même, l’existence de ce marché accessible à tous facilite l’écoulement des produits vo­lés par les voleurs à la tire, les détrousseurs …
Ces vols de bijoux ont traumatisé un bon nombre de femmes si bien que rares sont aujourd’hui les femmes malgaches qui portent encore des bijoux en or en pu­blic. Cela ne se déroule pas seulement dans la capitale. Cela arrive aussi dans toutes les au­tres grandes villes. Ce qui est bien dommage car du coup, les femmes du pays ont dû abandonner une habitude qui, pourtant, allait de pair avec leur beauté.

Aimé Andrianina

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