Comme la vie doit être bien dure pour toutes ces populations rurales qui vivent dans les fin fonds de la brousse et où l’autorité est exercée par ceux qui ont une arme. Il peut s’agir des dahalo qui écument de nombreuses localités ou des représentants des forces de l’ordre envoyés sur place pour sécuriser la localité. Entre ces deux parties fondamentalement adversaires, il y a la population civile locale qui ne sait plus sur quel pied danser.
D’un côté, pour se ravitailler, les dahalo rançonnent les villageois sous peine de voir tout le village brûler. Et si cela s’arrêtait là, ce serait le moindre mal. Mais en plus, quand ils amènent des otages (bien souvent des femmes, cela se comprend), ils n’hésiteraient pas à abattre quiconque s’y opposerait. C’est, semble-t-il, pour donner l’exemple au cas où les villageois ne se plieraient pas à leurs quatre volontés.
D’un autre, quand les forces de l’ordre arrivent dans le village et que les dahalo ont déjà vidé les lieux, les habitants sont alors accusés de collaborer avec les dahalo en les ravitaillant. On ne cherche pas à comprendre qu’ils étaient forcés et qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. Pour faire amende, ils doivent également, soit ravitailler les forces de l’ordre présentes ou bien les payer.
Ainsi, quand ce ne sont pas les dahalo qui les oppressent, ce sont les forces de l’ordre qui les rackettent. Or, ces dernières ont été envoyées pour les protéger, les défendre. Mais ce n’est pas toujours ce qui se passe. D’autant plus que les dahalo peuvent toujours revenir une fois les forces de l’ordre parties. C’est le triste sort réservé à ces populations qui ont déjà toutes les peines du monde pour produire juste de quoi manger.
Dans ce type de situation, c’est toujours celui qui se trouve du bon côté du fusil qui a raison. Ainsi, les villageois n’ont d’autre choix que d’obtempérer. Ce serait du suicide de ne pas obéir quand on n’a que les deux mains vides comme moyens de défense. D’autant plus que l’adversité dispose d’armes de guerre qu’elle utilise sans la moindre hésitation et avec efficacité.
C’est ce qui arrive à tous ceux qui cherchent à fuir après qu’ils aient été arrêtés pour une raison ou une autre. Les médias ne manquent jamais de rapporter les nombreuses tentatives d’évasion après lune arrestation. Mais celles-ci n’ont qu’une seule issue : l’extrême préjudice. Jusqu’à ce jour, on n’a pas encore vu un homme courir plus vite qu’une balle. Même Usain Bolt ne pourra pas le faire.
Il faut reconnaître que nos forces de l’ordre savent bien tirer : ils ratent rarement leur cible. Et à ce sujet, on peut également dire que les dahalo ne sont pas des manchots. Les quelques pertes qu’ils infligent aux forces de l’ordre lors des différents affrontements le prouvent. Et au milieu de tout cela, les villageois se trouvent entre le marteau et l’enclume.
Aimé Andrianina