Pas en situation de guerre

Après l’arrestation du présumé chef des kidnappeurs qui ont froidement abattu leurs otages, en fin de semaine, à Anjozorobe, tous les Malgaches restent dans l’attente de la sui­te de l’enquête. Tous espèrent qu’on finira enfin par identifier les vrais commanditaires de cet acte abominable et que cela sera à la con­naissance du public.
En effet, bien peu sont convaincus que c’est ce chef présumé des bandits récemment arrêté qui a monté de A jusqu’à Z ce dernier kidnapping qui s’est terminé dans un bain de sang. Lui et ses acolytes ne sont assurément que des exécutants. Il doit bien y avoir, quelque part, un « cerveau » qui tire les ficelles.
Bien évidemment, les forces de l’ordre n’ont pas manqué de marquer avec quelle promptitude ils ont obtenu des résultats. Un peu trop vite peut-être, se disent de nombreuses personnes. C’est ainsi que pour mar­quer le coup, elles ont dévoilé des photos montrant l’arrestation du chef présumé dans un village.
Mais toujours est-il qu’à force de vouloir trop bien faire, elles ont également transmis des images qui peuvent se retourner contre elles-mêmes. Tout d’abord, il est tout à fait logique que les photos montrent sur tous les plans la tête du présumé chef de bande.
Ainsi, tout le monde pourra l’identifier et don­ner un visage à ce sinis­tre personnage. Par con­tre, sur certaines photos, on voit des scènes qui ne méritent pas d’être montrées en public. Sur l’une d’elles, on voit beaucoup d’hommes rassemblés sur la place publique, les mains sur la tête et agenouillés.
On se demande alors si tous ces hommes font partie de la bande de kid­nappeurs. Vu leur nombre, on pourrait être tenté de penser que ce sont tous les hommes du village qui ont été reg­roupés là. Si tel est le cas, les hommes du village qui n’ont rien à voir avec les kidnappings ne méritent pas d’être traités de la sorte.
Ce type d’acte a un nom : Ce sont des exemples d’exaction perpétrée par les hommes en tenue de combat sur des civils. C’est ainsi qu’on se comporte dans un conflit militaire pendant la période dite de « pacification ». C’est ainsi également que sont traités les terroristes quand les forces chargées de lutter contre toute forme de terrorisme parviennent à arrêter.
Bien sûr, on ne peut pas avoir la moindre in­dulgence à l’égard de toute personne qui a participé, de près ou de loin, à ces kidnappings. Loin de là s’en faut. Mais il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie de manière à ne pas tomber dans l’idée selon laquelle, à la guerre, on ne parle pas d’innocents mais de victimes. En tout état de cause, nous ne sommes pas en situation de guerre.

Aimé Andrianina

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