« Tu ne tueras point »

Les arrestations se poursuivent encore concernant les auteurs de la mort des 5 otages tués froidement par leurs kidnappeurs à Anjozorobe. Entre-temps, on peut être certain que les larmes ne sont pas encore asséchées pour la famille des victimes de ce crime choquant.
Eh oui, ce crime est tellement choquant que dans les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont fait montre d’une très grande colère. Cette colère est telle qu’ils réclament ni plus ni moins que la loi du talion soit appliquée, à savoir : « œil pour oeil, dent pour dent ».
Autrement dit, ces personnes sont favorables au rétablissement de la peine capitale. Mais ces personnes doivent savoir que la peine de mort, ce n’est pas la justice, c’est la vengeance. Dans ce cas, rien ne la différencie de la vendetta, sinon qu’elle est légalisée et est appliquée par les autorités.
Par ailleurs, il est certain que le spectre de la peine de mort n’a jamais dissuadé le moindre criminel de commettre son crime. S’il s’est décidé de passer aux actes, c’est qu’il a toujours été con­vaincu qu’il pouvait se faufiler entre les mailles de la justice. D’où les nom­breux cas de récidives.
Pour une grande partie des partisans de la peine de mort, le raisonnement est tout simple. Pour quelqu’un qui a déjà tué et dont la sentence est la prison à vie, plus rien ne changera de sa peine à venir qu’il en tue un, deux ou dix de plus. En effet, cela ne changera pas grand-chose. D’où la solution radicale.
Et là se pose le grand problème : Comment s’assurer que ces assassins ne sortiront jamais de prison ? Par défaut d’appliquer les lois tout simplement, beaucoup de criminels notoires se retrouvent libres et ne manquent pas de pavaner au milieu des citoyens comme s’ils avaient encore tous leurs droits. Ce qui ne man­que jamais de frustrer la population.
De plus, un grand nombre de prisons est bien connu pour qu’on s’y évade facilement. Laxisme des autorités ou insuffisance de moyens ? Peut-être bien les deux. En passant, il faut remarquer que quand un geôlier abat un prisonnier lors d’une « tentative de fuite », cela s’assimilerait plutôt à un acte de vengeance, surtout s’il est considéré comme étant un tueur de flic. La véritable justice serait de le ramener à son cachot, sain et sauf, pour qu’il y purge sa peine comme prévu.
Ce sont les peines de prison incompressibles et effectuées jusqu’à leur terme qui peuvent donner le maximum de garantie à tous ceux qui hésitent encore entre le rétablissement de la peine de mort ou non. Si ces conditions sont remplies, beaucoup accepteront l’idée d’une justice impitoyable et ferme et diront non à la peine de mort. Et cela permettra de respecter la formule consacrée : « Tu ne tueras point »

Aimé Andrianina

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