« Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera », avait alors écrit l’essayiste français Alain Peyrefitte en 1973. Dans un livre écoulé à plus de 800 000 exemplaires, il avait mis en avant une thèse selon laquelle la Chine, compte tenu de la taille et la croissance de sa population, finira inexorablement par s’imposer au reste du monde dès qu’elle maîtrisera une technologie suffisante. Un demi-siècle après ce fameux ouvrage, la prédiction est en train de se réaliser. Elle est là et elle, à priori, incontournable. Heureusement pour certains et malheureusement pour d’autres.
La Chine est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, un grand pays, fière de sa tradition et qui n’hésite pas à bousculer les autres « grands » pays en matière de puissance, que ce soit dans le domaine économique, politique ou militaire. Et c’est donc en toute légitimité qu’elle augmente ses appétits d’investissement à long et à court terme. A l’instar d’autres pays en développement, Madagascar n’échappe pas à la courtisanerie chinoise. Comme en témoigne la communication de la Présidence de la République à la suite du déplacement du Chef de l’Etat au sommet du Focac, le grand rendez-vous sino africaine durant lequel le président chinois a promis plus de 50 milliards de dollars de financement sur trois ans aux pays africains. Alors que demande le peuple ? En tout cas, aucun pays africain, à l’exception du royaume de l’Eswatini, n’a réussi jusqu’ici à échapper à son influence.
Bien évidemment, si Madagascar va bénéficier de cette enveloppe, ce n’est pas par charité et encore moins par amitié, en dépit d’une coopération dite diapason. Il y aura sûrement des contreparties quelque part. Et c’est légitime car c’est la règle en matière de relation bilatérale, quel que soit le mot utilisé. Comme le disait le général De Gaulle, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Après, en termes d’influence les autres pays, ceux qu’on appelle par bailleurs de fonds traditionnels, peuvent bien dire ce qu’ils pensent. Le fait est que dans le contexte actuel, l’Afrique se tourne de plus en plus vers là où ses intérêts sont pris en compte sans toucher à ses affaires internes.
Il faut se dire que depuis le discours de Mitterrand à la Baule,
le partenariat avec les bailleurs de fonds traditionnels est soumis à des conditionnalités, notamment la démocratie. Et pourtant, chaque pays a sa spécificité et que parfois, il arrive que des pays ne puissent plus bénéficier de l’aide à cause de leur situation sociopolitique interne. Ce qui n’est pas le cas de la Chine qui priorise d’abord son intérêt. Cela peut parfois intriguer mais, à coup sûr, l’option semble plus bénéfique pour la majorité des pays en développement qui doit avoir les moyens, aussi bien techniques que financiers, de mobiliser ses ressources internes.
Ceci étant, il appartient aux dirigeants de trouver les moyens de sauvegarder ce qui reste de l’intérêt de la majorité et de la souveraineté du pays à travers l’appétit grandissant des grands pays en matière de coopération. Ce qui est évident c’est qu’on ne peut pas vivre en autarcie,
en particulier dans un monde globalisé où les échanges sont omniprésents.
Rakoto