Mercredi des idées en goguette: Travaux d’Hercules

Tiens donc ! En 2024, les policiers mu­nicipaux apprennent encore à la population à faire respecter les droits des usagers de la route. La scène se dé­roule du côté de Beho­ririka depuis quelques jours. La municipalité a dû mettre en place des barrières pour éviter que les gens ne marchent en pleine rue et permettre enfin une circulation libre des véhicules. Pour ceux qui passent par cette rue, c’est comme marcher sur des œufs, au sens propre comme au figuré. Arriver à sortir sans marcher sur une personne dans cette partie de la ville est devenu un peu comme un miracle.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. À Ambohipo, au quartier de 67Ha, à Anosy, et dans tous les quartiers populaires en général, il faut une bon­ne dose de résilience et de persévérance pour en sortir indemne en voiture. Il y a bien sûr le nombre élevé de personnes qui circulent, mais plus encore l’incivisme et l’irresponsabilité. Ce ne sont pas seulement les adultes ; il arrive aussi qu’on croise des enfants en pleine rue sans que leurs parents daignent les éloigner.
Il fut un temps où le premier magistrat de la capitale avait insisté sur le fait que la rue devait revenir aux piétons et que les marchés de­vaient être réservés aux marchands. Cependant, face aux défis de l’incivisme et de l’irresponsabilité d’une population majoritairement analphabète, cela n’a pas abouti. Aujourd’hui, la nouvelle présidente de la délégation spéciale a choisi de remettre une nouvelle fois de l’ordre dans la ville.
Eh bien, on ne peut que se frotter les mains par cette initiative, car la capitale en a bien besoin. Espérons juste qu’elle réussira à maintenir le cap, pas seulement au­jourd’hui, mais sur le long terme. En effet, il faudra mobiliser les agents municipaux pour un bon moment dans cette rue. Il faut signaler que, dans la majorité des cas, une partie de la population respecte les mesures uniquement durant la présence des autorités, et dès que ces dernières s’absentent, c’est la liberté totale. Les acquis s’envolent et les pratiques d’avant re­vien­nent immédiatement. C’est précisément ce qu’il faut éviter.
Depuis 2020, beaucoup a été fait à ce sujet ; il est donc crucial de poursuivre ces efforts. On se souvient encore de la polémique autour de la mise en place d’un code municipal d’hygiène dans la capitale, face aux réticences de certains habitués aux laisser-aller. Il s’agissait pourtant de mesures destinées à améliorer la salubrité, rétablir la sé­curité et la tranquillité, et embellir la capitale dans tous les aspects. Malheu­reusement, les critiques qui ont suivi ont empêché la concrétisation du projet.
Dans ce contexte, rendre la capitale meilleure qu’aujourd’hui relève du véritable travail d’Her­cule. Il n’est donc pas surprenant qu’il n’y ait pas encore beaucoup de candidats souhaitant se présenter à la mairie, du moins au moment où cette chronique est écrite. À part quelques politiciens opportunistes, rares sont ceux qui se bousculent pour devenir le premier magistrat de la ville, sûrement en raison des défis énormes qui les attendent. Et ce n’est pas la saison des pluies qui va améliorer la situation, car elle arrive bientôt. C’est le mois de tous les dangers pour le responsable de la ville d’Antananarivo, qui de­vra faire face aux conséquences des inconsciences et des irresponsabilités collectives en matière d’insalubrité.
Cela étant, être maire est plus qu’un sacerdoce. Cela nécessite du temps, de l’énergie, mais aussi de la persévérance, surtout dans une ville com­me Antananarivo, où les travaux ne manquent pas.

Rakoto

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