Trafic aérien : 750 000 passagers accueilli durant les huit premiers mois de 2024

Gestionnaire de deux aéroports internationaux, Antananarivo et Nosy Be, Ravinala Airports fait le point sur l’état du trafic aérien des huit premiers mois de cette année et sur les autres chantiers en cours, en lien avec le développement du tourisme à Madagascar. Entretien avec Zoelisoa Rajohnson, Directrice Commerciale et Marketing de Ravinala Airports.

Quelle est la situation du trafic durant ces huit premiers mois de cette année, comparé à la même période de l’année dernière ?

Les 8 premiers mois de l’année 2024 sont synonymes d’une vraie reprise du trafic aérien pour les aéroports que Ravinala Airports gère.

En effet, au 31 août 2024, nous avons accueilli plus de 750.000 passagers tous confondus (domestique, régional et international). Par rapport à 2023 à la même période, il y a une augmentation de +11%. En revanche, il faut noter que nous sommes encore malheureusement en dessous du niveau d’avant Covid soit -8%.

Toutefois, lorsqu’on regarde par région, l’aéroport de Nosy Be a déjà largement retrouvé son niveau de 2019 en le dépassant de + 6%. Cela s’explique par l’excellente performance des vols charters, également celle des vols directs internationaux et les différentes actions de promotion de cette destination dans les salons dédiés.

L’aéroport d’Antananarivo reste encore en deçà de notre ambition en termes de performance. Pour expliquer ce résultat pour l’aéroport, plusieurs facteurs entrent en jeu, à savoir l’arrivée décalée d’avions domestiques supplémentaires pour pouvoir desservir les régions au départ de la Capitale pendant la haute saison (avril à août), ce qui entraîne mathématiquement un recul du réseau international et la réduction de la capacité et des fréquences de quelques compagnies aériennes, compte tenu d’un contexte intrinsèque.

Nous sommes toutefois optimistes pour les 4 derniers mois de l’année afin de rattraper au maximum ce retard, notamment avec l’arrivée d’Emirates à Antananarivo, sur le projet d’un nouveau vol charter en décembre sur Nosy Be et surtout avec l’annonce par Tsaradia de l’arrivée d’un module ATR d’ici fin septembre.

Le secteur du tourisme suggère plus d’avions et de rotations. Les infrastructures en place sont-elles suffisantes pour ce faire ?

Ravinala Airports est engagé avec toutes les parties prenantes dans l’objectif du gouvernement malagasy d’atteindre les 1.000.000 de touristes d’ici 2028. Ce projet est plus qu’ambitieux car en 2019, année de référence, Madagascar a accueilli près de 350.000 touristes sur les 1.300.000 passagers transitant dans les aéroports malagasy, soit une proportion d’environ 27%. Cela signifie donc que pour pouvoir atteindre le million d’ici 2028, nous devons tout simplement tripler le trafic actuel.

Bien évidemment, cela nécessite que le pays s’y prépare sur plusieurs volets, avec plus d’avions et de fréquences, mais surtout de s’assurer que toutes les infrastructures hôtelières, routières et aéroportuaires peuvent absorber cela.

Nous pouvons rassurer le secteur du tourisme que le terminal International d’Antananarivo a la capacité d’accueillir jusqu’à 1.800.000 passagers par an, la marge de manœuvre est donc encore large pour les 10 prochaines années. Toutefois, conscient de notre rôle pour satisfaire toutes les parties prenantes, Ravinala Airports entreprend depuis cette année des améliorations côté piste/tarmac se trouvant près de l’ancien terminal international. Nous entamons également des travaux à compter de ce dernier trimestre sur l’ancien terminal international historique avec une transformation progressive de celui-ci en futur terminal domestique. Cela permettra de doubler la capacité du nombre de passagers domestiques que celui actuel et pourra répondre aux ambitions croissantes de Tsaradia avec leurs nouveaux avions, sur les 5 prochaines années.

Pour les infrastructures sur Nosy Be, des projets sont à l’étude et nous prévoyons de les débuter dès le 1er semestre 2025, en commençant par l’extension du tarmac pour pouvoir accueillir beaucoup plus d’avions en simultané. A ce jour, au vu du petit tarmac de Nosy Be, nous ne sommes capables d’accueillir qu’un gros porteur et quelques avions privés en même temps. Ce qui limite drastiquement les opérations au sol. Notre extension permettra à l’horizon début 2026, d’accueillir un gros porteur et deux porteurs moyens en simultané. Pour l’infrastructure côté ville, des réflexions sont en cours avec des solutions à court terme pour améliorer le confort des passagers.

Quelles sont les actions menées par l’aéroport pour faire venir des touristes ?

Avec l’arrivée d’Emirates que nous avons prospecté depuis plus de 5 ans en appui avec les autorités malagasy, une première grande étape est franchie : celle d’être connecté à un hub de plus de 140 destinations ; nous estimons le potentiel à plus de 50.000 passagers à l’année avec leurs 4 fréquences hebdomadaires, en passant par les Seychelles. L’étape suivante sera d’encourager cette compagnie à ajouter des fréquences pour arriver, nous l’espérons, à un journalier et également de proposer des vols directs, sans stop, de Dubaï à Antananarivo. Des discussions sont également en cours pour relier Dubaï et Nosy Be. Nous espérons également que cette nouvelle compagnie aérienne aura un effet boule de neige avec la venue d’autres et nous travaillons avec les autorités malagasy pour accroître encore plus la connectivité d’Antananarivo avec des projets vers de nouveaux marchés tels que la Chine, L’Inde et la zone Est de l’Afrique (Rwanda, Tanzanie).

Pour Nosy Be, nous espérons pouvoir accueillir plus de vols charters en identifiant des programmes spéciaux et une approche plus directe avec tout le secteur tourisme. L’un des points d’attention sera la capacité hôtelière sur l’île, qui doit se développer dans les 10 prochaines années, afin d’accompagner ses ambitions de tripler le nombre de touristes.

Enfin, le trafic aérien à Nosy Be est saisonnier avec un “creux” entre janvier et mars. En effectuant des benchmarks régionaux de destinations similaires, nous nous rendons compte que les destinations telles que l’île Maurice, les Seychelles et Zanzibar restent, elles, ouvertes toute l’année. Ainsi, un programme spécifique sur cette basse saison est en cours sur plusieurs volets marketing avec l’invitation de 11 influenceurs internationaux sur l’Ile aux parfums, des communications spécifiques sur nos marchés cibles et des promotions spéciales avec des packages.

Quels sont les autres chantiers en cours ?

En plus de notre ambition de tripler le volume de passagers, le transport de marchandises est également à explorer. Ravinala Airports souhaite développer le fret aérien à Antananarivo avec la construction d’une nouvelle gare de fret. Aujourd’hui, nous enregistrons seulement 17.000 tonnes de marchandises (pour donner une comparaison, la Réunion enregistre 30.000 tonnes par an) avec une ambition d’atteindre près de 50.000 tonnes en 2045. Madagascar a un fort potentiel au vu de son positionnement dans l’Océan Indien mais également par le fait que nous disposons d’un sol fertile avec des ressources comme la vanille, le girofle, les légumes…

Des projets immobiliers de diversification en ville, tels qu’un hôtel accompagné d’un centre de convention, une station-service et des zones commerciales sont à l’étude depuis deux ans. Cela s’inscrit dans le développement des aéroports dans une logique de “ville dans la ville” qui permettra de répondre à la fois aux besoins des passagers, de la communauté malagasy environnante et de développer une offre hôtelière de proximité.

Pour finir, sur les volets RSE et Qualité sur lesquels nous sommes très investis, les principaux projets sur les deux prochaines années résident notamment dans le fait que l’aéroport international d’Antananarivo a été primé meilleur aéroport africain de moins de 2.000.000 de passagers en 2023 en remportant le prix ASQ (Airport Services Quality). C’est un prix annuel développé par l’ACI, sur la qualité des services aéroportuaires qui reconnaît et récompense les meilleurs aéroports du monde selon les enquêtes auprès des passagers. Ce prix représente la plus haute distinction pour les exploitants d’aéroport et est l’occasion de célébrer l’engagement des aéroports du monde entier à améliorer continuellement l’expérience des passagers. Notre grand chantier est de maintenir ce prix pour les prochaines années à venir.

Sur le volet “Satisfaction des passagers”, nous allons adhérer à la démarche Accréditation Airport Customer Expérience (avec ACI) qui permet d’identifier de nouvelles pratiques qui devraient être développées dans un plan à court et à long terme pour améliorer les pratiques de gestion de l’expérience client

En ce qui concerne “l’environnement”, notre objectif est de réduire nos empreintes carbones, avec l’implication des parties prenantes aéroportuaires dans une démarche qui compensant des émissions carbones ne pouvant pas être réduites à travers le programme international Airport Carbone Accreditation 3 et 3+.

Tiana Ramanoelina

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