Monique Andréas Esoavelomandroso: « L’appartenance à la COI, facilite nos relations commerciales »

La date du 21 décembre marque le 40e anniversaire de la Déclaration de Port-Louis qui a conduit à la création de la Commission de l’océan Indien (COI). Monique Andréas Esoavelomandroso, la première femme et deuxième malagasy à avoir occupé le poste de Secrétaire général de cette commission, livre ses points de vue sur la et ses perspectives.

*Les Nouvelles : Vous êtes la première femme et malagasy à occuper le poste du SG de la COI…

– Monique Andréas Esoa­velomandroso : J’ai été effectivement SG de la Commis­­sion de l’océan Indien (COI) qui regroupe les 5 îles localisées dans ce vaste océan dont Madagascar, entre 2004 et 2008. En 2004, il a fallu que la Grande île présente sa candidature pour succéder à La Réunion qui détenait alors le poste. Comme le ministère des Affaires étrangères a demandé si quelqu’un voulait être candidat à ce poste, je me suis présentée. Mon avantage était que j’ai été déjà ministre, directeur général au ministère des Finances et donc, j’ai rempli en quel­ques sortes les exigences d’autant plus que l’Etat Mala­gasy a pensé à envoyer une femme à ce poste.

*En tant qu’ancienne SG, quel regard portez-vous sur les missions actuelles de la COI ?
-C’est une organisation inter-îles qui pense surtout au développement et à la coopération régionale. A l’époque, il y avait déjà pas mal d’organisations en Afrique. Il y avait, entre autres, l’Union africaine. Les pays de l’Afrique australe se regroupent eux aussi dans une organisation, même chose en Afrique de l’Ouest. Par contre, les îles de l’océan Indien étaient plus ou moins en reste, ce qui a conduit les dirigeants des pays concernés à penser à la création d’une organisation pour défendre leurs intérêts. Ces derniers sont d’abord d’ordre économique avant d’être politique, visant avant tout le développement. Les îles avaient be­soin d’être accrochées à quel­que chose, et c’est à travers la COI qu’elles peuvent défendre leurs intérêts.

*Peut-on dire que la COI est indispensable pour le développement de Mada­gascar et la région dans l’In­dianocéanie ?
-Rien ne vaut l’appui des uns et des autres. Même si on est dans les îles, on est membre des organisations au niveau de l’Afrique orientale et australe. Tous les pays de l’Afri­que de l’Ouest travaillent avec nous, facilitant de fait nos relations commerciales. Ce qui est déjà en soi un point positif, vu que les échanges commerciaux sont facilités grâce à cette relation entre les îles au sein de la COI. Cet esprit de soutien des uns des autres, fait partie des avantages d’appartenir à la COI.

*Comment décrivez-vous les relations entre la COI et les autres organismes régionaux, y a-t-il concurrence ou plutôt de la complémentarité entre eux ?
-Non, il n’y a pas concurrence, je parlerais plutôt d’entraide. Je cite par exemple le cas du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) qui a toujours en­voyé un représentant à nos grandes réunions.

*Vu l’immensité géographique de la région océan Indien, une perspective visant à élargir la COI à d’autres pays situés ou riverains de cette zone, est-elle à l’étude ?
-Quand je suis partie, j’étais contente parce que la COI a été élargie jusque dans les pays comme l’Inde qui, bien que n’étant pas membre de l’organisation, regarde comment on travaille. En outre, 10 autres pays du côté Ouest de l’Afrique travaillent avec la COI en tant qu’observateurs. Il y a aussi la Chine qui, d’après ce que j’ai entendu, aurait été associée à l’organisation. Ce sont ces pays-là qui interviennent quand il s’agit d’appuyer les relations commerciales de la COI. C’est une bonne chose, mais ce qu’il ne faut pas oublier est qu’il faut toujours maintenir l’identité des îles.

*Votre message pour la population et le pays en tant qu’ancienne SG de la COI ?
-Cela fait un bon bout de temps qu’il n’y avait pas de Malagasy qui dirige la COI, depuis la fin de mon mandat en 2008. Maintenant, c’est à Madagascar de présenter un candidat pour être SG de l’organisation, donc il faudrait bien voir si parmi les postulants au poste, il y a quelqu’un qui connaît bien la région. En tant que Malagasy, nous dévons avoir cette conviction comme quoi, si certains pays ont réussi, pourquoi pas nous ?

Propos recueillis par Tsilaviny Randriamanga

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