Les débats sur la lutte contre la corruption n’en finissent pas. Les responsables prônent la politique de la tolérance zéro dont l’application laisse à désirer. L’immunité dont bénéficient certains corps de l’Etat, rime avec l’impunité.
«L’immunité VS l’impunité, l’infime différence », tel était le thème de la conférence-débat hier à Ambatonakanga, entre la présidente du Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI), Sahondra Rabenarivo, l’initiateur du Code de l’éthique parlementaire, le député Djohary Lee et la journaliste, Lova Rabary Rakotondravony.
La lutte contre la corruption, l’éternel débat avec toujours la même rengaine et même constat, bien loin de la politique de la tolérance zéro tant que certaines personnes restent intouchables au sein de leur corps. « Ce sont ces lois protectrices qui créent le problème de la corruption », a indiqué Sahondra Rabenarivo lors de sa prise de parole. En un mot, l’immunité est le facteur de blocage dans la lutte contre la corruption.
« Aucun responsable ne veut octroyer une autorisation de poursuite et encore moins un député qui approuve la levée de l’immunité parlementaire », a-t-elle noté. Pour elle, la tolérance zéro devrait se conjuguer avec l’octroi d’une autorisation de poursuite et la levée de l’immunité. « On critique souvent les organes de lutte contre la corruption, mais c’est l’absence d’autorisation de poursuite qui sont l’une des grandes causes de leur inefficacité », a-t-elle souligné.
Manque de volonté politique
« La tolérance zéro n’est qu’un simple slogan. Le problème relève d’un manque de volonté politique », s’est exprimée pour sa part Lova Rabary Rakotondravony. Et elle de citer les dossiers de mise en accusation auprès de l’Assemblée nationale qui attendent depuis 2013. Face à la situation qui prévaut, la journaliste montre du doigt le corporatisme, auprès de chaque corps de l’Etat.
Le député Djohary Lee Andrianambinina, l’initiateur du Code d’éthique parlementaire, s’accorde aussi sur le manque de volonté politique. Selon ses dires, ledit code n’a jamais été adopté. « Les présidents de groupements parlementaires eux-mêmes, refusent d’étudier le texte », a-t-il regretté. Ayant passé trois ans à concocter le projet de loi, Djohary Lee Andrianambinina met tout sur le dos de la « politique ».
« Le rapport de mise en accusation est par exemple déjà opérationnel sur le plan technique mais n’est pas à l’abri de l’interférence politique au moment du vote », a-t-il fait savoir. « Faisons notre travail comme il le faut et le changement viendra », a-t-il conclu.
T.N