Période de vacances à Mahajanga : les opérateurs craignent une situation catastrophique

En pleine période de vacances, les opérateurs de Mahajanga augurent une situation catastrophique inévitable. La cause : le délestage.

La région reste pourtant une des destinations les plus prisées des vacanciers. Les opérateurs, notamment ceux oeuvrant dans le domaine de l’hébergement et de la restauration, connaissent généralement leur pic d’activité en cette période mais c’est encore loin d’être le cas.

En fait, l’ampleur et l’impact du délestage se ressentent différemment selon le secteur où l’on se trouve. En centre-ville, la coupure d’électricité dure en moyenne huit heures. Et peut aller jusqu’à 12 heures en périphérie, comme à Amborovy. Dans tous les cas, la vie sociale et économique s’en trouve bouleversée.
“Actuellement à Majunga, la principale problématique à laquelle nous sommes confrontés est sans aucun doute la fréquence des coupures d’électricité de la Jirama. C’est une véritable catastrophe car nous subissons des coupures de plus de huit heures par jour, sans qu’un planning ne soit établi. C’est-à-dire que les interruptions peuvent survenir à tout moment. Et dans le cas où il y a un planning, les horaires indiqués ne sont même pas respectés. L’énergie fait vraiment défaut et empêche de nous organiser efficacement. Alors qu’après le confinement, les activités avaient repris mais difficilement”, explique le directeur d’un hôtel étoilé, situé en centre-ville de Mahajanga. Habituellement vers juillet-août, cet établissement affiche jusqu’à 50% de réservation. “Là, nous ne sommes qu’à 20%”, chiffre le directeur. “A cause du délestage, nous sommes en train de dépenser une fortune dans le carburant pour faire fonctionner nos groupes électrogènes. Ce n’est pas viable sur le long terme, on ne pourra jamais tenir vu le prix du carburant. On va au-devant d’une situation catastrophique, je dirais même pire que le confinement”, poursuit-il.

Dans un autre établissement d’hébergement situé à Amborovy, la situation est pareille. “Ici, la coupure peut durer jusqu’à 12 heures par jour. Je dirai 6 heures en journée et 6 heures dans la nuit. Nous n’avons d’autre choix que de dépenser dans le carburant pour faire marcher le groupe électrogène. C’est une solution à court terme car cela représente une charge supplémentaire ajoutée à la facture de la Jirama. Et bien que le courant soit quasi inexistant, la facture est toujours élevée”, fustige le gérant de de l’hôtel.

Infrastructures routières et transport

Une autre problématique soulevée par les opérateurs est l’état délabré des infrastructures routières. Il faut compter entre 12 à 14 heures pour rejoindre Mahajanga depuis Antananarivo. Cela dissuade les touristes locaux et les touristes étrangers qui choisissent d’emprunter la voie terrestre. Et c’est d’autant plus désolant car parfois, ces touristes n’ont pas beaucoup de temps et ils en perdent une majorité sur les routes.

La situation est aussi compliquée du côté de la liaison aérienne. Le vol entre Mayotte et Mahajanga a déjà repris mais les opérateurs jugent que la fréquence, à savoir trois fois par semaine, est loin d’être suffisante même dans le cas où les avions afficheraient complets. Les opérateurs touristiques ont réclamé depuis très longtemps la réouverture du vol Mahajanga- Ile de la Réunion et le sujet est toujours en suspens. L’offre de vol domestique est aussi insuffisante. En effet, Madagascar Airlines est la seule compagnie qui opère les vols domestiques. La compagnie dispose de cinq ATR mais trois avions sont cloués au sol depuis plusieurs mois. Donc seulement deux sont opérationnels.

La province de Mahajanga est loin d’être un cas isolé. Toutes les régions sont confrontées à ce problème d’énergie et d’infrastructures routières. “Parce qu’on n’a pas d’hydroénergie, on n’a pas non plus de souveraineté nationale énergétique. Si l’importateur de carburant ne livre pas, on n’a plus de courant et tout s’arrête : c’est très grave ! Il ne faut pas oublier que le livreur de carburant est un commerçant. Depuis le temps qu’on dit qu’il faut de grands barrages, ce n’est toujours pas fait. Et nous ne sommes toujours pas autonomes au niveau énergétique avec toute l’eau”, lance un expert en énergie.

Dans le même temps, des questions se posent : les infrastructures qui ont été annoncées sont-elles réalisables à Madagascar, avec les fonds dont dispose l’Etat et dans des délais raisonnables ? Quelle importance doit-on donner aux infrastructures dans le développement de Madagascar par rapport à d’autres réformes ? Mais surtout, comment la réalisation de toutes ces infrastructures peut-elle se faire sans énergie ?

Tiana Ramanoelina

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