Les villes malgaches, bien que générant génèrent trois quarts du Produit intérieur brut (PIB) du pays, ne parviennent pas à catalyser efficacement la croissance économique et à réduire la pauvreté. Ces constats alarmants ont été révélés dans la « Revue de l’urbanisation de Madagascar : tirer parti des villes comme moteurs de croissance et de transformation structurelle », publiée hier par la Banque mondiale.
Selon ce rapport, «Madagascar, malgré un taux d’urbanisation en constante progression, présente un PIB par habitant inférieur à celui de ses pairs en Afrique subsaharienne». La capitale, Antananarivo, en particulier, illustre les défis d’une urbanisation mal planifiée. Conçue pour 400.000 habitants, la ville accueille aujourd’hui près de trois millions de citoyens, confrontés à des lacunes criantes en matière de services et d’infrastructures. «Environ 60% des emplois urbains sont informels, soulignant ainsi les défis de l’emploi décent», indique-t-on.
La Banque mondiale avertit également que «la pauvreté urbaine a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie et que plus de la moitié de la population pourrait vivre en milieu urbain d’ici 2036», exigeant ainsi une action urgente.
Lors de la présentation de la revue, les intervenants ont souligné la nécessité d’investir dans des politiques visant à créer des emplois décents à court terme tout en favorisant la croissance économique à long terme. Le ministre de la Décentralisation et de l’aménagement du territoire, Naina Andriantsitohaina, a souligné l’engagement du gouvernement à relever ces défis par le biais d’une meilleure planification territoriale et de réformes institutionnelles. «Ce rapport arrive à un moment opportun puisque le gouvernement a l’intention de donner la priorité à l’amélioration des services municipaux et la modernisation des infrastructures dans nos villes. Il propose des pistes pour y parvenir et nous nous réjouissons de travailler avec nos partenaires de développement, tels que la Banque mondiale, dans le cadre de cet effort», a-t-il indiqué.
Catalina Maralunda, responsable du Pôle d’expertise sur le développement urbain, a souligné «l’importance du soutien financier dans la réalisation des projets urbains, mettant en lumière les initiatives telles que les projets Produir et Casef, financés par la Banque mondiale».
Renforcement de la politique et de la stratégie
La revue propose quatre piliers d’intervention pour exploiter le potentiel d’urbanisation du pays. Il s’agit d’une part de renforcer la politique et la stratégie nationale de développement urbain en ayant une approche intégrée pour les interventions aux niveaux national, régional et municipal; mettre en œuvre un cadre politique coordonné au niveau national pour diverses réformes en vue de l’amélioration des services municipaux et de l’aménagement du territoire ; accroître les investissements et les financements en faveur d’infrastructures et de services urbains résilients. Et d’autre part, d’améliorer la performance institutionnelle et de la capacité des villes.
«Madagascar est encore dans le processus d’urbanisation, c’est le moment opportun pour s’assurer que cette croissance soit bénéfique pour le pays et la population», a déclaré Atou Seck, Représentant de la Banque mondiale à Madagascar.
Bref, la revue met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les villes malgaches, tout en offrant des pistes concrètes pour une urbanisation plus inclusive et résiliente. À présent, il appartient aux autorités et aux partenaires de développement de saisir cette opportunité et de transformer les villes de Madagascar en moteurs véritables de croissance économique et de prospérité pour tous.
Arh.