Mercredi des idées en goguette: Egalité des chances, loin d’être acquise

Erreur d’appréciation, maladresse ou incompréhension ? C’est la principale interrogation qui vient tout de suite à l’esprit à la lecture d’une ré­cente note circulaire sortie tout droit du ministère de l’Ensei­gnement supérieur. Ladite note prévoit en effet que cette année, les centres d’examen des candidats libres, pour l’examen du Baccalauréat, doivent être accordés seulement dans les chefs-lieux de régions des six ex-provinces… en l’occurrence, cette dé­cision aurait été prise lors de la réunion du Conseil des présidents des universités (au mois de février dernier. Elle aurait été motivée par une bonne gestion de l’examen et de faire face, entre au­tres, aux fuites de sujets.
A priori, la décision part donc d’un bon sens. Il faut se dire que, ces dernières années, cha­que examen de baccalauréat fait l’objet de polémiques, à la suite des défaillances dans la gestion des sujets. Ré­sultats : fuite des sujets, des épreuves faites durant la nuit ou encore des sujets incomplets qui ont abouti à une deuxième session. Ce qui a valu, l’année dernière, l’interpellation de plusieurs personnes, dont des enseignants et des étudiants. Cette fois, les responsables ont donc voulu mettre de l’ordre dans l’examen.
Sauf que la décision prise risque, encore une fois, de créer plus de tension que de résoudre le problème. Et pour cause, même si cela ne concerne que les candidats dits libres, elle risque néanmoins d’être lourde pour les concernés. Car pour un candidat à des milliers de kilomètres d’un chef de région, ce serait un parcours de combattants. Les candidats libres de la localité de la Sava devront ainsi batailler pour aller à Antsira­nana. Pareil pour ceux de la région du Menabe qui doivent aller à Mahajanga, de la région Vatovavy et Fitovina­gny pour Fianaran­tsoa… etc. Des exemples parmi tant d’autres. Au-delà du déplacement, les candidats devront également trouver de quoi se nourrir, où se loger ou encore comment se déplacer sur les lieux d’examen. Et cela bien avant la date proprement dite.
Des paramètres qui, visiblement, n’étaient pas sur le tapis au moment où les initiateurs de la note circulaire ont rédigé cet acte. C’est d’autant plus étonnant que les candidats libres, dans la majorité des cas, sont ceux qui ne disposent ni des moyens financiers ni de temps pour poursuivre leur étude à travers le circuit habituel. Ils ne sont donc affiliés à aucun établissement. Et c’est tout à fait légitime que, depuis la sortie de cette note, les parents d’élèves, notamment dans
les districts concernés crient au scandale. En tout cas, si l’objet était d’éliminer, dans les années à venir, l’existence des candidats libres aux examens du Bac­calauréat, c’est réussi. Sauf que dans le contexte actuel de la réalité malgache, c’est pénalisant car il n’y a plus
d’égalité de chances alors qu’en matière d’éducation, il est indis­pensable de créer des conditions égales pour que tous les individus puissent réaliser leur potentiel. C’est apparemment encore loin d’être le cas à travers cette initiative.

Rakoto

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