Etre plus royaliste que le roi

Madagascar vient de recevoir le satisfecit du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour les efforts déployés dans l’accueil des réfugiés. C’est bien beau qu’on s’intéresse au sort de ceux qui, pour une raison ou une autre (conflit armé, famine …) se voient dans l’ob­ligation de fuir leurs pays respectifs.
Mais il faut savoir que tout pays, quel qu’il soit, a une capacité d’accueil plus ou moins limité. On voit bien les difficultés rencontrées par certaines régions des pays européens où on n’arrive plus à con­trôler les flux incessants des réfugiés. Bien évidemment, cette si­tuation suscite des tensions entre la population locale et les réfugiés.
A un moment ou un autre donc, cette capacité d’accueil est saturée. Et les forces de l’ordre doivent intervenir tant bien que mal pour éviter les conflits entre la po­pulation locale exacerbée par cet « envahissement » et les réfugiés qui ne demandent qu’à bé­néficier d’un meilleur accueil. Et bien évidemment, on ne tarde pas à parler de xénophobie.
Si un tel phénomène se déroulait à Madagas­car, il faut reconnaître que le pays n’a pas la capacité d’endiguer un tel envahissement. Bien évidemment, Mada­gas­car n’est en aucune façon l’eldorado pour ces réfugiés, mais la Grande île peut servir de tremplin pour eux avant qu’ils s’envolent ou embarquent vers d’autres meil­leurs cieux.
Toutefois, l’arrestation de plusieurs personnes de nationalités différentes à Ambanja, tout récemment, laisse présager que le phénomène risque de s’amplifier. Cette tentative d’émigrer clandestinement vers Mayotte en est l’illustration parfaite. Cela commence petit à petit et sans qu’on s’en rende compte, le pays est envahi par des réfugiés clandestins.
Qu’on le veuille ou non, ces réfugiés occa­sion­­nent également d’autres problèmes. Il faut remarquer que certains réfugiés bénéficient d’énormes moyens fi­nan­ciers dont on ignore l’origine. Et le fait que certains réfugiés peuvent s’offrir le luxe d’habiter dans des villas laisse supposer qu’ils ont des moyens peut-être avec l’aide de leurs con­citoyens établis à Mada­gascar bien plus avant qu’eux.
Autrement dit, cette catégorie de réfugiés se distingue de la population locale. Si la différence de niveau de vie est énorme avec la population locale, cela va occasionner une inflation, peut-être limitée géographiquement. Mais toujours est-il que c’est la population locale qui va en souffrir car les prix des produits locaux sur les marchés vont augmenter. Les marchands profitent toujours de cette forte capacité financière pour rehausser leurs prix.
En marge de tous ces problèmes que peut occa­sionner une arrivée massive de réfugiés dans
le pays, Madagascar s’y con­nait déjà depuis des décennies, avec les nombreux apatrides qui sont sur place. C’est un prob­lème qui n’a pu être ré­solu de­puis longtemps. L’essen­tiel est de ne pas se montrer être plus royaliste que le roi.

Aimé Andrianina

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