Manger pour survivre

Bravo aux organisateurs de la Foire de l’élevage et de la production animale (Fepa) pour leur idée de mettre en lumière les filières porteuses dans le secteur de l’élevage. Le grand public a été ravi par le spectacle au cours duquel, les la­pins géants de Flandre ont certainement été les vedettes.
Certes, ils sont mi­gnons ces lapins que beaucoup de visiteurs ont découvert l’existence pour la première fois en cette occasion. Mais qu’on ne se trompe pas. Pour le moment, quand on parle d’élevage, il s’agit de quelque chose à mettre sous la dent, c’est-à-dire à manger, que les Malgaches ont le plus besoin et non pas en quelque sorte des animaux de compagnie.
En effet, il est impensable qu’on arrive à sacrifier un lapin géant de Flandre pour la con­sommation quand un spécimen coûte entre cent cinquante mille et deux cents mille ariary. Bien peu de ménages oseront le faire vu son prix. Autrement dit, on est forcé de se contenter de le nourrir pour jouer avec.
Pour cette raison, en matière d’élevage, la priorité doit être accordée aux types d’élevage qui devraient permettre à la population de se remplir le ventre avec
de la protéine et en mê­me temps d’obtenir des revenus additionnels, éventuellement. Cela de­vrait être compatible.
Ainsi elle n’aura plus à attendre les distributions de vivres et autres aides qui, il faut le reconnaître, ne seront jamais suffisantes et qui ont la mauvaise conséquence d’habituer la population à vivre de la charité de tous les types de donateurs. En fin de compte, les bénéficiaires de ces aides ne cherchent plus à travailler car tout leur est offert gratuitement.
Il est inconcevable qu’on s’adonne à l’élevage d’animaux de compagnie alors qu’on n’a rien à mettre dans la marmite. Ce type d’élevage peut être bien lucratif mais il n’est pas donné à tout le monde de le pratiquer. En quelque sorte, ce n’est qu’une activité de niche dans le secteur de l’élevage.
Or dans le pays au­jourd’hui, beaucoup trop de gens vivent dans la faim (kere) ou bien souffrent de la malnu­trition, notamment les enfants que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Pour cette raison, il importe avant tout de mettre en place des types d’élevage susceptibles de procurer
de la protéine au plus grand nombre.
Il doit bien en exister. Et on peut être certain que nos techniciens de l’élevage seront capables de trouver la solution idéale à ce problème. Pour être plus précis, il faut insister sur le fait que cela doit être un élevage à cycle court et dont les produits pourront être mis à la portée des bourses de la majorité des ménages. Ainsi, la population pourra manger pour survivre.

Aimé Andrianina

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