O tempora, o mores

Pour la énième fois, les étudiants de l’université d’Antananarivo entrent en grève. Ils reviennent à la charge pour le paiement de leurs bourses d’études. Selon leur dire, ils n’ont pas été payé depuis cinq mois. Cette question de paiement des allocations est de­venue un problème récurrent auprès du ministère l’Enseigne­ment supérieur. C’est le cas depuis plusieurs décennies.
Les grèves ont toujours existé à l’Uni­versité d’Antanana­rivo, pour une raison ou une autre. Mais dans le passé, dans les années 70, il n’a jamais été question de retard de paiement des bourses. Les grèves qui se succédaient – certes, elles étaient nombreuses -, se rapportaient plutôt à la politique. En effet, le monde universitaire était très politisé en cette période-là et on y découvrait tous les courants de pensée.
La principale question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment les étudiants boursiers font ils pour vivre et poursuivre leurs études ? Cette question est tout à fait légitime quand on découvre le montant dérisoire des bourses d’études universitaires qui leur sont allouées. En effet, elles varient entre 24 200 ariary/mois (pour un étudiant venant d’entrer en première année) et 48 400 ariary/mois (pour un étudiant préparant le master 2).
Encore faut-il souligner que cette bourse d’études est divisée par 4 dès que l’étudiant re­double. Un tel montant ne suffirait même pas à un étudiant pour payer rien que ses dépenses mensuelles en conne­xion internet qui, aujourd’hui, sont incontournables. Bien évidemment, il y a toujours l’allocation d’équipement d’un montant de 66 000 ariary qui est accordée une fois par an.
Compte tenu de la modicité du montant des bourses d’études accordées aux étudiants boursiers, forcément, les pa­rents sont mis en contribution. Pour certains parents, envoyer son enfant poursuivre ses études supérieures dans une région autre que sa région de résidence exige un véritable sacrifice du point de vue financier. Ce qui n’est pas toujours évident.
Autrefois, les étudiants des cités universitaires étaient choyés comme des rois. On leur accordait tout : Des chambres individuelles confortables qui leur permettaient de disposer de l’espace vital nécessaire, des restaurants qui servaient des repas plus que satisfaisants tant sur le plan de la quantité que de la qualité…
Dans le passé, les étudiants qui poursuivaient leurs études supérieures et qui vivaient dans
des cités universitaires étaient considérés com­me des privilégiés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Sans aucun doute, le surpeuplement des cités universitaires a occasionné leur déconsidération et pour cela, elles sont plutôt classées parmi les quartiers défavorisés. O tempora, o mores.

Aimé Andrianina

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