Trafics illicites des richesses naturelles : des pertes incommensurables… pour le tourisme

La richesse en biodiversité est l’une des attractions touristiques à Madagascar. Plus de 70% des espèces autochtones sont endémiques. 70% des touristes visitent au moins une aire protégée. Protéger ces espèces endémiques revient donc à protéger l’économie et, par ricochet, le secteur du tourisme.

En 2019, l’écotourisme engendre 770 millions USD de revenus et contribue à hauteur de 6% du PIB. La contribution moyenne d’une aire protégée à l’économie est à 66 USD par hectare. Cela signifie que les menaces qui pèsent sur ces aires protégées et les espèces sauvages engendrent des pertes économiques incommensurables pour Madagascar.

Cette richesse est un atout mais c’est aussi “une source importante de flore et de faune pour le commerce national et mondial d’espèces sauvages, aussi bien légal qu’illégal”, souligne dans son introduction, une évaluation du commerce des espèces sauvages entre Madagascar et l’Asie du Sud Est (ASE).

Malheureusement, les trafics illicites d’espèces en provenance de Madagascar sont toujours d’actualité. Le 01 mai dernier, une saisie record a été effectuée en Thaïlande : 1.076 tortues et 48 lémuriens. “Les trafics transnationales existent partout et Madagascar n’y échappe pas (…) avec nos 5.000 kilomètres de côtes, la surveillance n’est pas une tâche facile et il faut améliorer les dispositifs de contrôle”, note le directeur général de la douane, Ernest Lainkana Zafivanona, lors d’une rencontre avec la presse le 04 mai dernier. Lui d’évoquer le recours à l’utilisation des drones pour surveiller les “zones non occupées”.
“Nous déployons des efforts considérables pour renforcer les contrôles forestiers. Mais nous devons faire en sorte que les moyens financiers et humains allant dans ce sens soient revus à la hausse”, plaide pour sa part, Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du développement durable (MEDD).
Un marché qui pèse des milliards

Au niveau mondial, le commerce illégal d’espèces sauvages représente un marché d’environ 10 à 20 millions de dollars par an, d’après les données de la Banque Mondiale. Cela comprend à la fois des espèces vivantes et mortes.

Cette évaluation du commerce des espèces sauvages entre Madagascar et l’Asie du Sud Est (ASE) souligne que cette dernière est un acteur clé du commerce de certaines espèces endémiques menacées de Madagascar. Des reptiles et des amphibiens malagasy font souvent l’objet de transactions commerciales “ouvertes ou occultes”, précise cette étude.

Toujours d’après les données, 89% des saisies d’espèces sauvages de Madagascar en ASE ont été transportés par voie aérienne depuis l’aéroport international d’Ivato. En 45 ans, cette évaluation dénombre 1.994 transactions directes de Madagascar vers l’Asie du Sud-Est et 371 transactions indirectes de Madagascar vers l’Asie du Sud-Est. Entre janvier 2000 et juin 2021, cette étude parle de 36 saisies faites à Madagascar impliquant des pays de l’ASE. Au moins 98% des quantités saisies proviennent d’espèces inscrites à la CITES.

En outre, des pays européens figureraient comme étant des “réexportateurs” pour le commerce indirect en provenance de Madagascar vers l’ASE. L’étude souligne enfin que la Thaïlande est le principal importateur d’espèces sauvages de Madagascar, surtout de plantes ornementales, de reptiles et amphibiens vivants.

Tiana Ramanoelina

 

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