Voahanginirina ou quand la friperie fait vivre toute une famille

Tous les vendredis et samedis, Voahanginirina, une mère de famille au visage marqué par les années, prend place au marché d’Anjoma à Fianarantsoa. Son espace de vente, un modeste carré de 4m2, lui a été assigné par la municipalité. C’est un peu plus grand qu’un simple box de rangement, mais il n’en faut pas beaucoup pour cette commerçante afin de mener son affaire. Cela fait maintenant plus de 40 ans qu’elle exerce la même activité, au même endroit, les mêmes jours de la semaine. Ce métier est son gagne-pain. Voahanginirina vend des articles de friperie, une palette de couleurs et de styles qui représentent la diversité des goûts de ses clients. Elle se souvient encore de l’époque où elle faisait partie des premiers commerçants à investir les lieux dans les années 1980. À cette époque, l’espace qu’on lui avait attribué était deux fois plus grand, un carré de 8m2. Mais au fur et à mesure que de plus en plus de commerçants ont afflué, cet espace a été réduit de moitié.

La vie quotidienne de Voahanginirina est une routine qu’elle connaît par cœur, mais qui ne la lasse pas. Chaque mois, elle fait le voyage jusqu’à Tanà pour acheter des balles de friperie. Avec ses années d’expérience, elle sait exactement ce qu’elle cherche. Entre les balles mêlées et celles spécialisées, asiatiques ou européennes, elle sait ce que ses clients préfèrent. “Les balles mêlées contiennent un assortiment d’articles, tandis que les spécialisées se concentrent sur un type spécifique de vêtements, comme uniquement des pantalons ou des jupes, ou encore des articles spécialement pour les femmes ou les hommes”, explique-t-elle. Pour elle, le voyage jusqu’à la capitale chaque mois en vaut la peine, car c’est là qu’elle trouve les meilleures marchandises. “Nous pouvons y trouver des produits européens, les meilleurs selon moi. Une balle de 45 kilos coûte environ 150.000 ariary”, précise-t-elle. En moyenne, elle achète environ 5 balles par mois, et peut vendre jusqu’à deux balles par semaine. La première vente des produits issus de ces balles est celle qui marche le mieux. C’est ce qu’on appelle le “vaky balle”, la première ouverture des balles où les meilleurs produits sont découverts. Cette opportunité ne se présente qu’une fois par mois. Ensuite, la vente des autres articles prend un peu plus de temps.

Voahanginirina tient son commerce au marché d’Anjoma aux côtés de ses fils et de ses petits-enfants. Lorsqu’ils ne sont pas à l’école, les enfants prêtent main-forte à leur grand-mère. Ils apprennent déjà les ficelles du métier en observant l’exemple de leur aïeule, en accueillant les clients, en gérant les transactions ou en s’occupant des tâches diverses sur le marché. C’est grâce à cette activité qu’elle parvient à subvenir aux besoins de sa famille. Chaque article se négocie entre 3.000 et 10.000 ariary, bien que Voahanginirina ne dévoile pas le montant de ses gains mensuels. Au fil du temps, le marché a beaucoup changé. La concurrence s’est intensifiée avec l’arrivée de nombreux nouveaux vendeurs. “Actuellement, avec tout le monde qui se lance dans la vente de friperie, nos chances d’attirer des clients ont considérablement diminué. Avant, nous parvenions à vendre trois balles de friperie par semaine, mais maintenant, nous avons du mal à en vendre une seule en une semaine”, déplore-t-elle. C’est compliqué, mais la mère de famille s’adapte. Pourtant, elle n’envisage pas de changer de métier pour l’instant. “Je fais ce travail parce que j’aime ça, pas parce que je n’ai pas le choix. C’est ici que j’ai commencé à faire des affaires, et je n’ai pas l’intention de changer pour le moment”, affirme-t-elle.

Nambinina Jaozara

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