L’or, une richesse mal exploitée pour l’économie malgache

L’or est l’un des trésors cachés de Madagascar. Cette ressource précieuse, présente en abondance sur l’île, pourrait théoriquement transformer l’économie nationale et améliorer les conditions de vie de millions de Malgaches. Pourtant, en pratique, l’impact économique de l’or reste limité par une exploitation informelle, des pratiques illégales et une gestion insuffisante de la chaîne de valeur.

Une richesse géologique sous-exploitée

Madagascar est dotée d’importantes réserves aurifères, principalement localisées dans les régions de Sofia, Analamanga, Vatovavy et Atsinanana. Ces régions abritent à la fois de grandes mines et une myriade de petits sites d’extraction artisanale. Pourtant, le pays ne figure pas parmi les principaux producteurs d’or à l’échelle mondiale. Cette contradiction s’explique par une exploitation largement informelle.

Selon des estimations de l’Union Africaine, près de 95% de l’or malgache est extrait de manière artisanale et échappe à tout contrôle fiscal. Cette situation prive l’État de revenus considérables qui pourraient être réinvestis dans les infrastructures ou les services publics. L’or, bien qu’exploitable, reste une opportunité économique largement sous-utilisée.

Une contribution timide au PIB

Malgré son potentiel, la contribution de l’or au Produit Intérieur Brut (PIB) de Madagascar demeure marginale. Selon les données officielles, le secteur minier dans son ensemble représente environ 4% du PIB, dont une part significative est attribuée à l’or. Cependant, cette contribution reste inférieure à ce qu’elle pourrait être si l’exploitation et la commercialisation de l’or étaient mieux structurées.

L’or pourrait devenir un moteur majeur de croissance économique pour Madagascar si des mesures appropriées sont mises en place. Actuellement, la majeure partie de la production aurifère est exportée sous forme brute, ce qui empêche le pays de bénéficier de la valeur ajoutée que pourrait apporter une transformation locale de l’or.

Les défis de l’exploitation informelle

Le secteur aurifère à Madagascar est dominé par des activités artisanales. Ces exploitations, souvent familiales, utilisent des outils rudimentaires et des méthodes peu efficaces. En plus de limiter les rendements, ces pratiques ont de graves conséquences sociales et environnementales.

L’emploi de produits toxiques, comme le mercure, pour extraire l’or est courant. Ces substances contaminent les sols et les cours d’eau, affectant les écosystèmes et les communautés locales. Par ailleurs, les conditions de travail dans ces mines artisanales sont souvent précaires, avec peu ou pas de protection pour les travailleurs.

Un autre problème majeur est l’évasion fiscale. Une part importante de la production aurifère malgache est vendue sur des marchés informels ou exportée illégalement. Cette situation prive l’État de ressources financières cruciales qui pourraient être utilisées pour financer des projets de développement.

Une opportunité à saisir

Malgré ces défis, le potentiel de l’or pour l’économie malgache reste immense. Plusieurs pistes peuvent être explorées pour maximiser la contribution de l’or à l’économie :

1. Formalisation du secteur artisanal : En fournissant des licences aux mineurs artisanaux et en leur offrant des formations sur les méthodes d’exploitation durable, l’État pourrait mieux contrôler le secteur et augmenter les recettes fiscales.

2. Renforcement de la chaîne de valeur : Développer des capacités de transformation locale de l’or, comme la fabrication de bijoux, pourrait créer des emplois et augmenter la valeur ajoutée pour l’économie.

3. Mise en place de systèmes de traçabilité : Garantir que l’or extrait à Madagascar est commercialisé de manière éthique et responsable pourrait attirer des investisseurs et des partenaires internationaux.

4. Renforcement des capacités institutionnelles : Investir dans les institutions chargées de réguler le secteur minier est essentiel pour améliorer la gouvernance et lutter contre la corruption.

Le rôle de l’État et des investisseurs

Pour que l’or devienne un pilier de l’économie malgache, l’État doit jouer un rôle actif. Cela inclut la mise en place d’un cadre légal et réglementaire adapté, ainsi que le développement d’infrastructures pour soutenir le secteur. Parallèlement, attirer des investisseurs étrangers responsables, capables d’apporter des capitaux et des technologies modernes, est crucial.

Cependant, ces efforts doivent s’accompagner de mécanismes de protection sociale pour les communautés locales. Il est essentiel de s’assurer que les revenus générés par l’exploitation de l’or profitent à l’ensemble de la population et non à une élite restreinte.

Une perspective économique durable

Le développement du secteur aurifère pourrait avoir des effets multiplicateurs sur l’économie malgache. En augmentant les recettes fiscales, l’or pourrait contribuer au financement de secteurs essentiels comme l’éducation, la santé et les infrastructures. Par ailleurs, une exploitation responsable pourrait générer des emplois de qualité et améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.

Madagascar peut s’inspirer d’autres pays africains qui ont réussi à transformer leurs ressources minières en levier de développement. Par exemple, le Ghana et le Burkina Faso ont mis en place des réformes qui leur ont permis d’augmenter significativement les contributions de l’or à leur économie tout en réduisant les impacts négatifs sur l’environnement et les communautés locales.

En somme, l’or malgache représente une opportunité unique pour booster l’économie du pays, mais il reste largement sous-exploité. Le défi consiste à transformer cette richesse naturelle en un moteur de développement économique et social tout en préservant l’environnement. En mettant en place des réformes structurelles, en favorisant la transparence et en luttant contre les pratiques illicites, Madagascar pourrait enfin récolter les fruits de ce trésor précieux. La route est longue, mais les récompenses pourraient être immenses pour le pays et ses citoyens.

Rakotoarisoa Andriatahina

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