Sans surprise, le dossier des îles Eparses n’a pas échappé à l’attention du chef de l’Etat lors de son intervention le week-end passé sur les médias publics. Après le déplacement de son homologue français, il était en effet impensable de ne pas évoquer le sujet. D’autant plus qu’une partie de l’opinion continue de faire une fixation sur ce thème dès qu’il est question des relations bilatérales entre Madagascar et l’Hexagone. Ce qui, a priori, est légitime dans la mesure où, depuis quelques années, on ne cesse d’en parler, que ce soit à travers les médias ou dans les débats politiques. Il n’en demeure pas moins qu’il est important d’aborder ce dossier de manière dépassionnée, loin des déclarations stériles qui ne contribuent en rien à la recherche de solutions.
Sur ces derniers points, justement, il est utile de rappeler que, comme l’a souligné le chef de l’Etat, le sujet des îles Eparses avait été mis de côté après les résolutions des Nations unies, et n’a jamais été remis en question pendant près de vingt ans. Ce n’est qu’en 2019 qu’il est revenu sur la table. Il est inutile de chercher les « coupables » de ce long silence, mais force est de constater que ces derniers temps, le sujet est devenu le leitmotiv d’une partie de la classe politique, qui estime que Madagascar devrait à tout prix reprendre ces îlots. Une idée pour le moins irréaliste, quand on sait que Madagascar n’a ni la capacité militaire, ni les moyens économiques de tenir tête à l’autre camp.
C’est pourquoi il est nécessaire de rechercher une solution commune, impliquant un compromis de part et d’autre. Car c’est la nature même d’un dialogue entre deux parties : qu’on le veuille ou non, chacun doit faire les concessions nécessaires pour avancer. A l’heure actuelle, compte tenu du rapport de force existant, c’est la seule voie possible ; il n’y a pas d’alternative crédible. Et puis, on l’oublie parfois, mais la diplomatie ne se résume pas à des bras de fer. Elle requiert aussi du réalisme, un soupçon de stratégie, et surtout une bonne dose de patience.
Rakoto