Mercredi des idées en goguette: Quand les « héros » s’épuisent en silence

A bout, comme dans le célèbre film sur Netflix. En effet, com­me l’avait écrit un con­frère, hier, il est des hôpitaux publics com­me des sapeurs-pompiers, des femmes et des hommes en blouse blanche ou en uniforme, prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes, mais trop souvent à mains nues. Et quand les moyens ne suivent pas, quand la flamme gagne du terrain ou que les vies s’éteignent faute de soins, c’est à eux qu’on jette la pierre. Souvent injustement et parfois avec raison.

Prenez l’exemple de l’intoxication alimentaire à Ambohimalaza, des dizaines de victimes hospitalisées qui a mis en lumière, encore une fois, les difficultés de notre système d’urgence, notamment les hôpitaux publics. Il a été constaté qu’à la suite de ce drame, les médecins des hôpitaux publics accueillent comme ils le pouvaient une vague de patients affaiblis, avec les moyens du bord, mais les proches des pa­tients continuaient encore à se lamenter de leur traitement.

Et puis, il y a ce cri du cœur, d’une étudiante en médecine sur les réseaux sociaux, qui ne demande ni compassion ni médailles. Juste un peu de considération. Elle parle des gardes éreintantes, non rémunérées, parfois sans même un repas chaud. Des plateaux-repas qui semblent tout droit sortis d’un concours de cuisine… pour prisonniers. Elle parle également des risques au quotidien face au VIH, les hépatites, la tuberculose, en gros un cocktail explosif pour ceux qui sont en première ligne, sans protections suffisantes. Et malgré tout ça, elle raconte aussi les petits gestes d’humanité, à savoir les étudiants qui cotisent pour acheter les médicaments d’un patient inconnu, les internes qui retiennent leurs larmes quand ils savent qu’ils ne peuvent rien faire de plus. Et pourtant, ce sont encore eux que certains insultent sur les réseaux so­ciaux. Et c’est dommage

Oui, il y a des médecins indifférents, comme dans tous les métiers et qui ne méritent pas de respect. Mais il y en a tant d’autres, si nom­breux, qui tiennent de­bout refusant de renoncer. Le problème, c’est qu’à force d’être traités comme des machines sans cœur, même les plus vaillants finissent par lâcher. Et ils partent ailleurs. Loin. Là où exercer son métier n’est pas un acte de survie. Et ces derniers temps, la fuite de cerveau ne cesse d’augmenter.

Ce qui se joue ici, ce n’est pas juste une affaire de blouse blanche. C’est l’équilibre d’un sys­tème entier. Ce sont des vies qu’on sauve à la chaîne. Ce sont des vocations qui s’éteignent. Ce sont des patients qui, demain, n’auront plus personne en face d’eux. Ni pour les soigner, ni même pour les écouter.

Alors, oui, un hôpital sans seringues, c’est com­me un pompier sans eau. Et on peut continuer à critiquer, râler, pointer du doigt. Mais un jour, peut-être, ce sera nous, nos proches, qui seront là à attendre. Et là, nous allons comprendre. Peut- être trop tard.

Rakoto

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