Infrastructures routières: Des chantiers pour relancer l’économie nationale

L’état des routes à Madagascar est régulièrement pointé du doigt par les opérateurs économiques. En effet, cet état rend parfois difficile la circulation des produits et des personnes et paralyse au passage toute une économie.

Le conseil des ministres qui s’est tenu le 8 janvier dernier a relevé plusieurs chantiers, notamment liés aux infrastructures routières. A commencer par la “route du soleil”, ainsi que d’autres réhabilitations routières qui touchent à leur fin. Ce document énumère entre la RN13, la RN12A, RN11, RN11A. Par ailleurs, le rapport précise que pour cette année 2025, une enveloppe budgétaire sera affectée au financement de la réhabilitation des routes nationales 2, 7 et 4, sachant que 781,6 milliards d’ariary d’investissement interne seront alloués au ministère en charge des Travaux publics. Et à Antananarivo, plusieurs chantiers ont démarré depuis quelques semaines.

“Chaque année, Madagascar perd des routes exploitables. C’est un vrai paradoxe. Si nous arrivons à faire en sorte que 35% du PIB de l’investissement soient dédiés à l’infrastructure sur plusieurs années, on aura un taux de croissance de 6 ou 7%”, estime un expert en Bâtiment et travaux publics. “Aujourd’hui, les infrastructures font partie des priorités, mais il faut aussi penser à tout ce qu’il y a à faire pour l’environnement. Les infrastructures vont permettre aux investisseurs et aux entreprises de pouvoir fonctionner. Leur mise en place vont permettre de booster l’économie”, poursuit-il.

Cet expert de réjouit également de l’impact social et notamment la création d’emplois que génèrent ces chantiers.

Il émet toutefois des réserves. “L’Etat devrait penser à fluidifier le paiement des entreprises prestataires. Lorsque ces entreprises ne sont pas en activité, l’économie en pâtit (…). L’ investissement constitue le moteur principal de la croissance économique. Sans investissement, le dynamisme économique ralentit”, indique-t-il. Et d’ajouter également : “Bien que l’Etat dispose d’une vision et de nombreux projets, leur mise en œuvre semble connaître des lenteurs. Il est donc crucial d’accélérer la réalisation des projets d’investissement déjà inscrits dans la loi de finances. Il n’est pas encore trop tard pour engager ces dépenses et stimuler l’économie.”

Adel Ben Youssef, expert international en ville durable et intelligente auprès de l’Onudi, souligne l’importance d’une vision à long terme pour le développement urbain. Il rappelle que d’ici quelques décennies, entre 70 et 75% de la population mondiale vivra en ville, un phénomène qui ne concerne pas seulement les pays de l’océan Indien. Selon lui, les villes jouent un rôle central dans l’économie mondiale, générant environ 70% du PIB. Face à cette réalité, il est essentiel de repenser les infrastructures et le marché urbain pour les rendre plus propres et intelligents. Il insiste sur la nécessité d’élaborer des stratégies de développement qui dépassent les plans traditionnels de 10 à 15 ans. De plus, il met en avant les opportunités qu’offre la région de l’océan Indien en matière d’énergies renouvelables pour bâtir des infrastructures durables. Cet expert s’est exprimé sur le sujet lors d’un panel durant le Ceo Summit intitulé “Infrastructures stratégiques : catalyser la croissance économique grâce à des projets visionnaires et des partenaires de premier plan”.
Les infrastructures routières jouent un rôle crucial dans le développement économique d’un pays, car elles facilitent les échanges commerciaux et la mobilité des personnes. Cependant, pour réellement favoriser une croissance durable, il est essentiel d’élargir cette vision en investissant également dans d’autres infrastructures stratégiques telles que les ports et les aéroports. Ces derniers sont indispensables pour renforcer les échanges internationaux, attirer les investissements et stimuler le tourisme. Un développement équilibré des infrastructures permettra ainsi de maximiser les opportunités économiques et d’assurer un avenir prospère.

Andriantsoa Rabiaza, directeur général du port d’Ehoala à Taolagnaro s’est aussi exprimé sur ce sujet lors du CEO Summit en décembre dernier. “Madagascar a beaucoup de potentiel qu’il faut transformer en richesse. La transformation de richesse requiert des infrastructures, qu’elles soient routières, aériennes ou portuaires. Il faut savoir que Madagascar détient 5.000 kilomètres de côtes. Le pays compte 17 ports d’intérêt régional et des ports d’intérêt national. La connectivité maritime joue un rôle très important dans le développement économique, que ce soit pour les échanges commerciaux ou pour attirer des investisseurs (…)”, rappelle-t-il.

Tiana Ramanoelina

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