L’île Maurice se plaint aujourd’hui de la pénurie de main d’œuvre locale. Pour combler le vide laissé par les mauriciens partis travailler à l’étranger, elle doit importer des travailleurs étrangers venant notamment des pays riverains de l’océan Indien. Cette situation peut paraître paradoxale dans la mesure où l’île Maurice enregistre quand même une ascension économique qui devrait inciter ses travailleurs à rester sur place.
Madagascar n’échappe pas à ce phénomène. Beaucoup de nationaux s’expatrient dans l’espérance de trouver de meilleures conditions de travail et donc de vie tout en réalisant leur « rêve » de vivre et travailler à l’étranger afin de gagner beaucoup d’argent avant de rentrer au pays. C’est ce qui pousse ces nombreuses femmes à s’expatrier (même clandestinement) dans les pays arabes pour occuper un emploi de femme de ménage, parfois dans des conditions très difficiles.
A Madagascar, les expatriations s’expliquent par la situation économique actuelle du pays qui n’est pas des plus reluisantes. Il n’y a pas suffisamment d’emplois. Et les rares existants sont difficilement accessibles sans des connaissances et des faveurs particulières. Ce n’est pas toujours le mérite qui détermine l’accès à un emploi. Et compte tenu des perspectives sombres et sans avenir, beaucoup, surtout les jeunes, se décident à aller voir ailleurs.
Bien entendu, tous n’atteignent pas toujours les objectifs qu’ils se sont fixés. Certains reviennent bredouille et plus pauvre qu’avant. Ce phénomène risque de se poursuivre pendant de nombreuses années encore d’autant plus que les principaux pays de destination de ces candidats à l’émigration ont une population vieillissante. Et de ce fait, ils auront toujours besoin de main d’œuvre étrangère.
Le principal atout de Madagascar est que le pays dispose d’une population relativement jeune et que pour cette raison, la relève est toujours assurée. Toutefois, il existe une condition déterminante. Il faut évidemment que l’enseignement et la formation dispensés sur place soient maintenus à un bon niveau. Ce qui n’est pas gagné d’avance. Et on peut même dire qu’il y a de grands efforts à faire dans ce sens.
Toujours est-il que depuis des décennies, on assiste à une véritable
« brain drain » (fuite de cerveaux). A terme, cela posera un problème car ce vide se fera ressentir sensiblement dans l’avenir. On aura alors à faire face à un problème de grande envergure sur le plan de l’économie faute de disposer de bras et/ ou de cerveaux suffisants. Un défi majeur que l’on doit prévoir dès maintenant. Mieux vaut prévenir que guérir.
Aimé Andrianina