Christian Ramamonjisoa: les touches d’ivoire perdent leur magie

Le silence envahit le clavier d’un virtuose. L’auteur-compositeur Christian Ramamonjisoa, initiateur de la musique descriptive à Madagascar, s’en est allé le dimanche 6 avril. La symphonie de la vie s’achève pour ce magicien des touches noires et blanches.

Christian Ramamonjisoa n’est plus à présenter, et encore moins aux mélomanes, amateurs de musique classique. Pour ces derniers, son nom résonne comme une mélodie familière, une symphonie de talent et de dévouement à l’art musical. En effet, plus qu’un simple musicien-pianiste, il a œuvré pour la promotion de la culture mu­sicale à Madagascar et en France. « Sa disparition laisse un vide immense, mais ses œuvres et ses travaux pour la musique malgache resteront gravés comme dans les partitions de l’histoire », se désolent ceux qui avaient eu la chance de l’avoir côtoyé.
Pianiste depuis sa tendre enfance, Christian Ramamon­ji­soa a un parcours académique marqué par des études au Conservatoire National de Région et au Centre Polypho­ni­que de Paris. Dans sa quête d’excellence, il a effectué des stages auprès d’icônes comme Michel Piquemal et Anne-Marie Deschamps. Puis, animé par sa passion et son envie de développer son talent, il décide d’explorer les nuances de la composition musicale. Ainsi, il s’est lancé dans la recherche sur le synthétiseur, piano électronique, dans l’objectif de vulgariser et populariser l’usage de cet instrument. L’his­toire retient de lui comme étant le premier musicien à avoir donné des concerts de musique électronique, lors de la tournée nationale intitulée
« Son et lumière ».
En 1993, sous la direction de Christian Ramamonjisoa, la chorale Amboarampeo Fara­vohitra sort son opus intitulé « Polyphonie profane et sacrée de Madagascar » aux éditions Harmonia Mundi. Sa carrière est marquée par sa partici­pation à plusieurs festivals, notamment Festival Lincoln Center aux États-Unis, Or­ches­trades de l’Océan Indien à La Réunion ou encore le Chœur Mondial en Belgique.

Pionnier de la musique descriptive

A Madagascar, il est re­connu comme étant le pionnier de la musique descriptive, forme d’expression musicale cherchant à évoquer des images, des émotions ou des scènes spécifiques à travers des éléments sonores et des techniques compositionnelles. Des recherches sans relâche qui l’avaient amené à embrasser le monde des médias. Il a composé d’innombrables génériques d’émissions et jingles télévisés, cofondé la radio Alliance FM et conçu et animé l’émission radio « Vous avez dit classique ? »
Christian Ramamonjisoa était également un fervent défenseur de l’éducation mu­sicale. En fondant les Jeunesses Musicales de Madagascar et en enseignant dans les conservatoires et centres culturels de la Région Parisienne (piano, solfège et chant choral), il a inspiré et formé de nombreuses générations de musiciens en herbe. Son engagement dans la transmission de la musique ne s’est pas limité à l’enseignement. En créant le Chœur Allegretto de Paris Plaisance, il a offert une plateforme à des choristes passionnés de musique classique, les guidant à travers un répertoire riche et varié, des œuvres baroques aux compositions romantiques. Auteur-compositeur, il a composé jusqu’à son dernier souffle.
Le monde a encore beaucoup à apprendre de lui, mais aujourd’hui, la musique ne peut que pleurer la perte d’un talent inégalé. Les dernières notes d’un maestro se sont éteintes, et le piano résonne désormais en écho à la mémoire d’un grand artiste. Christian Ramamonjisoa tire sa révé­rence.

Rakoto

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