Sachant que Marc Ravalomanana est, à la base, le grand favori parmi ces 11 candidats regroupés initialement dans le collectif, le fait pour lui de ne pas participer aux élections lui fait perdre toutes les chances de revenir au pouvoir.
Du haut de ses 75 ans, Marc Ravalomanana devra voir en cette élection présidentielle sa dernière, donc son ultime chance d’affronter aux urnes son adversaire de toujours, Andry Rajoelina.
A l’allure où vont les choses, Siteny sort naturellement du lot, faute pour Ravalomanana d’aller au combat. Ses partisans, qui sont pour lui des réserves de voix certaines, ne comprennent d’ailleurs pas sa stratégie de ne pas affronter les élections.
La crédibilité de l’ancien président est fortement mise en jeu en s’alliant avec des candidats de moindre envergure comme Hajo Andrianainarivelo ou Rolland Ratsiraka qui ne lui apportent finalement aucune valeur ajoutée mais bien au contraire, lui font perdre le soutien de son électorat de base. Un électorat qui s’amenuise, notamment à Antananarivo sachant qu’au moins une partie ne comprend pas, d’abord donc qu’il se soit acoquiné avec les politiciens susmentionnés, et est lasse de ces gesticulations qui les empêchent de travailler sereinement.
Aucun impact
De toute manière, la déclaration de ce collectif des candidats, samedi, semble être un coup d’épée dans l’eau. Ces membres ont annoncé ne plus accepter la tenue des élections prévues le 16 novembre et menacent ainsi de boycotter le scrutin.
Or, une disposition légale rend impossible toute rétractation. L’article 13 de la loi organique n°2018-009 du 11 mai 2018 relative à l’élection du président de la République est on ne peut plus clair : « aucun retrait de candidature n’est plus admis après la date limite du dépôt de candidature ». Ce qui signifie que même en boycottant la campagne électorale ou le scrutin, ces candidats restent bel et bien candidats et ne peuvent plus se rétracter. Ce n’est pas une déclaration publique qui pourra annuler leurs candidatures ou acter un quelconque retrait.
Faudrait-il rappeler qu’ en 1999, lors des élections municipales à Antananarivo, le candidat du parti Avi, Johnny Raharindranto s’était rétracté en plein jour du scrutin, son équipe de campagne avait même fait le tour des bureaux de vote pour retirer tous ses bulletins de vote, à l’époque encore individuels. Mais cela n’avait pas empêché le déroulement du scrutin et lors de la proclamation des résultats, Johnny Raharindranto s’est vu comptabiliser les voix qui avaient déjà été exprimées en sa faveur avant sa rétractation.
Acte politique irresponsable, cette menace de boycott des dix candidats ne remet en aucun cas en question la tenue des élections présidentielles aux dates arrêtées. Aucune disposition constitutionnelle ou légale ne prévoit une annulation ou un report du scrutin, en cas de désistement d’un ou plusieurs candidats.
Ces dix candidats ont adhéré librement au processus électoral. Ils sont libres de le quitter et personne ne les contraint ni ne les supplie de rester dans la course. Cela étant, le fait pour eux d’annoncer qu’ils n’acceptent pas la tenue de l’élection, en évoquant l’article 47 de l’élection pour tenter de réclamer son report, relève de l’ineptie. Leur boycott du scrutin est volontaire et ne constitue donc pas un cas de force majeure.
Le boycott des élections par les dix candidats est contraire à la démocratie et à l’éthique politique. Leur renonciation, qui est une manifestation de la politique de la chaise vide, n’affectera pas le résultat du scrutin.
Dans tous les cas, trois candidats sont déjà en pleine campagne. Andry Rajoelina a commencé tambour battant sa propagande dès le premier jour du démarrage de la campagne officielle. Sendrison Raderanirina lui a emboîté le pas en se focalisant lors des premiers jours de campagne sur la province de Fianarantsoa. Siteny Randrianasoloniaiko vient de prendre le train en marche en ouvrant sa campagne à Vohémar dimanche. Un Siteny Randrianasoloniaiko qui, même s’il échoue cette fois, se prépare pour 2028-2029…
Quoi qu’il en soit, qu’il y ait trois, 10 ou 13 candidats qui font campagne, cela n’aura aucun impact sur le processus électoral.
Rakoto