A la suite d’une rencontre avec la représentante du Bureau de liaison de l’Union africaine hier, l’ancien président Marc Ravalomanana a mis en avant le fait que, pour résumer, cette dernière lui a donné parfaitement raison dans son opposition à vouloir se porter candidat à la mairie de la capitale. Aussitôt après, prenant conscience de l’ampleur de cette communication, la représentante de l’Union africaine a communiqué sur la teneur de leur rencontre, tout en soulignant, noir sur blanc, que l’Union africaine respecte la souveraineté de chaque État membre et la stricte observance du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Elle a ajouté : « Nous déclinons toute responsabilité concernant les propos qui auraient pu nous être faussement attribués et diffusés sur certains réseaux sociaux » (sic). Voilà qui a le mérite d’être clair dans un contexte où tout est sujet à communication.
Au-delà de la guéguerre politique entre deux camps qui s’affrontent depuis un certain temps, il existe un point sur lequel les acteurs politiques doivent encore prendre conscience qu’il s’agit d’une maladresse, ou plutôt d’une stupidité, c’est selon : le fait de se lamenter auprès des représentants de la communauté internationale à chaque fois qu’il y a un problème, notamment politico-politicien, à l’interne. Dans certaines situations, certains n’hésitent d’ailleurs pas à effectuer une marche vers les ambassades pour évoquer la situation politique du pays, alors que nous ne sommes pas en guerre, à l’instar d’autres pays du continent. Les acteurs politiques doivent être conscients que les partenaires internationaux ne sont pas là pour trouver des solutions à des problèmes purement internes, comme c’est le cas des élections communales. Certes, ils peuvent apporter un soutien technique, mais de là à intervenir par rapport à la candidature de telle ou telle personnalité, c’est purement de l’ingérence. Et cela dépasse largement le cadre diplomatique.
Il faut reconnaître que cette situation date des crises politiques de 2002 et de 2009, durant lesquelles les émissaires de la SADC, de l’Union africaine, de la COI ou encore de la Francophonie ont effectué des missions de médiation dans le pays. Sauf que nous n’en sommes plus là, et que certaines crises doivent se régler entre nous, au niveau interne, sans qu’il soit nécessaire de faire appel à une intervention étrangère. Il suffit de regarder ce qui se passe ailleurs, même si, certes, les réalités ne sont pas identiques. Dernièrement, il a fallu de nombreuses semaines à la France pour trouver un Premier ministre, mais personne n’a fait appel à l’Union européenne. Plus proche de nous, le Sénégal a récemment traversé une période critique sur le plan politique, notamment avant la dernière élection présidentielle, mais aucun candidat ne s’est plaint auprès d’une organisation régionale ou de l’Union africaine.
Ceci dit, il faut arrêter de se lamenter constamment auprès des ambassades, car celles-ci ne peuvent pas résoudre les problèmes internes d’un pays. Ce n’est d’ailleurs pas leur rôle. Loin s’en faut.
Rakoto