Madagascar fait face à un manque d’enseignants aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. La dévalorisation de cette noble fonction, qui se manifeste sous différentes formes, est à l’origine de cette situation. La Confédération syndicale Sempama monte de nouveau au créneau à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants.
Le Sempama tire la sonnette d’alarme. Sur les quelque 200.000 enseignants en exercice, seuls 75.000 ont le statut de fonctionnaire. Le reste, soit près de 115.000, est constitué d’enseignants contractuels (Fram), qui ne disposent d’aucun contrat de travail avec l’Etat et dont la majorité est à la charge des parents d’élèves.
« Une bonne partie de ces derniers ne perçoivent qu’une subvention mensuelle de 110.000 ariary, une somme largement en dessous du Smig et qui n’est même pas payée à temps. Par ailleurs, plusieurs enseignants Fram ne figurent pas dans la liste de ceux qui sont subventionnés par l’Etat et constituent des charges pour les parents d’élèves et sont dans ce sens sous-payés », a soulevé le président de ce syndicat, Claude Raharovoatra, hier lors d’une conférence de presse organisée à Ambatonakanga.
A cette paupérisation des enseignants s’ajoute la défaillance de la structure de gestion de l’éducation nationale, selon la Confédération syndicale des enseignants. « A part la faible rémunération, qui est un problème commun pour tous les enseignants, ils travaillent dans des conditions difficiles. Sans parler de différents abus de pouvoir auxquels ils sont confrontés, beaucoup d’entre eux se heurtent au manque d’équipements et de manuels pédagogiques, au manque ou à la défaillance des infrastructures. Certains dispensent les cours sous les manguiers ou dans des endroits en plein air… ».
Face à ces constats, Madagascar devrait engager de sérieuses réformes conformément aux instructions de l’Unesco à travers le thème de cette Journée mondiale des enseignants : « Les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous voulons : l’impératif mondial de remédier à la pénurie des enseignants ».
Une célébration sur fond de revendication
La Confédération syndicale Sempama saisit cette Journée mondiale pour remettre les revendications des enseignants sur le tapis. Vêtus de noir lors de cette rencontre avec la presse pour manifester à quel point ils ont mal, les membres dudit syndicat se sont dirigés vers le siège du ministère de l’Education nationale (Men) à Anosy pour faire part de leurs requêtes aux responsables du ministère de tutelle.
Entre autres, le syndicat réclame la revalorisation des enseignants, notamment sur le plan humain, l’adoption du projet de décret soumis aux différentes instances compétentes en 2018 relatif à l’augmentation des salaires et des subventions des enseignants. A cela s’ajoute la prise en charge par les Collectivités des subventions des enseignants Fram jusqu’à ce qu’ils soient recrutés dans la Fonction publique…
Fahranarison