Habitat : les alternatives face à la crise de logement

Entre la pénurie de logements et les prix à la hausse des locations, la colocation sous toutes ses formes devient une alternative dans la capitale. Les principes sont parfois simples, et permettent à des jeunes d’accéder à des logements aux loyers onéreux et une qualité de vie meilleure que s’ils louaient un appartement. Cela permet aussi à des propriétaires de trouver rapidement des locataires. Depuis quelques temps, c’est aussi devenu une nouvelle stratégie de gestion de patrimoine.

Dina Issa, Gaelle Mengue et Michelle Atangana, toutes originaires du Cameroun, ont déménagé dans la capitale malgache il y a près d’un an pour des études de médecine. Comme de nombreux étudiants étrangers, elles ont d’abord dû séjourner à l’hôtel ou chez des amis, tout en cherchant désespérément un appartement. Cependant, une opportunité s’est présentée à elles : une maison à 1.000.000 ariary est disponible à Ambohipo. Elles décident donc de se mettre en colocation pour partager le loyer et ainsi bénéficier d’une qualité de vie supérieure, même en tant qu’étudiantes vivant loin de leurs familles. “Cela nous arrange énormément, car nous avons maintenant quatre chambres, un grand salon et une douche commune. Un tel prix aurait été inaccessible pour nous si nous avions dû louer chacune de son côté.” De nombreux jeunes, y compris des Malgaches, se lancent dans ce genre de projet pour diviser le loyer et alléger les frais. C’est une opportunité unique. Ce qui était inconcevable autrefois, c’est que des jeunes professionnels parviennent parfois à louer des maisons de type T3, avec un standing très élevé, leur permettant de mener une vie prestigieuse. En comparaison, s’ils louaient seuls, ils devraient se contenter d’un studio de 300.000 ariary, sans les avantages offerts par de grands appartements.

Pour beaucoup, la colocation est une véritable opportunité. Cependant, ce concept a évolué avec le temps. Récemment, des membres de la diaspora malgache ont introduit le concept de co-living dans la capitale, une version plus sophistiquée de la colocation. Le co-living se situe à mi-chemin entre la colocation traditionnelle et le coworking. Dans ce modèle, chaque résident dispose d’une unité indépendante comprenant une chambre, une salle de bain et parfois une petite cuisine. Les espaces partagés dans une résidence en co-living peuvent inclure un salon commun, une terrasse, un grand jardin ou une salle de sport.

Narindra Rasoanaivo, résidant au Canada, est l’un des pionniers de ce mouvement. “Un groupe de diaspora malgache cherche à valoriser ses maisons inutilisées à Madagascar. Pour nous, le co-living est la meilleure manière d’y parvenir. Notre objectif est d’aider les jeunes actifs du pays en leur offrant des opportunités de co-living dans des maisons meublées. C’est un concept tout droit venu des États-Unis, qui met l’accent sur un nouveau mode de vie en collectivité. Le logement loué dispose à la fois d’espaces privatifs et d’espaces partagés. De même, il est entièrement équipé et meublé”, explique-t-elle.
La majorité des clients en co-living sont des jeunes professionnels célibataires qui choisissent de vivre dans des maisons déjà aménagées. Les loyers y varient autour de 400.000 à 700.000 ariary par personne, un peu plus élevés que dans la colocation traditionnelle, mais avec des avantages supplémentaires. Ce type de logement propose une gamme étendue de services partagés, tels qu’Internet haut débit, ménage ou fournitures comme les linges de maison. Dans certaines résidences de co-living, des services supplémentaires sont prévus, comme une conciergerie, inclus dans le loyer. En effet, les résidents bénéficient de leurs espaces privés tout en partageant des espaces communs. Les logements en co-living allient luxe et confort, offrant ainsi un cadre agréable et pratique pour les occupants.

“C’est aussi pour nous une nouvelle stratégie de gestion de patrimoine, en permettant à des citoyens d’accéder à de grands logements aux loyers élevés qui vont pouvoir être occupés, entretenus et dont l’amélioration continue est assurée”, explique Narindra Rasoanaivo. Les baux de co-living incluent des règlements stricts à respecter, tels que l’arrosage des plantes, le maintien du respect de l’environnement communautaire (interdiction de fumer), ainsi que des règles concernant l’organisation des visites familiales et les hébergements temporaires. Elle propose, en collaboration avec un réseau de partenaires malgaches à l’étranger, près de cinq logements de ce type, disponibles pour le co-living. Contrairement à la colocation traditionnelle, ce modèle privilégie les célibataires, en particulier les entrepreneurs, plutôt que les familles.

Selon le Sécretariat d’Etat en charge des nouvelles villes, les besoins non satisfaits en matière de logement s’élève à près de 2 millions. Dans les grandes villes, il est estimé entre 700.000 et 800.000 par an. Gérard Andriamanohisoa, secrétaire d’Etat en charge des Nouvelles villes et de l’habitat, a également souligné que “plus de la moitié de la population sont des locataires.”

Nambinina Jaozara

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