Lutte contre la corruption : les points à retenir du bilan du CSI

Madagascar stagne en matière de lutte contre la corruption. C’est ce que le Comité de sauvegarde de l’intégrité (CSI) met en exergue dans son dernier rapport publié la semaine dernière. La corruption reste un problème majeur dans le pays. Quatre points à retenir sur ce bilan.

La lutte contre la corruption stagne

Le dernier rapport du CSI montre que la lutte contre la corruption ne s’améliore pas beaucoup à Madagascar. Le pays a encore des difficultés dans la gestion de ses affaires publiques, comme le révèlent les notes de la CPIA de la Banque mondiale. Ces notes influent sur la capacité de Madagascar à emprunter de l’argent auprès de l’association internationale de développement (IDA) et sont aussi utilisées pour calculer l’Indice de perception de la corruption (IPC). Madagascar est classé 18ème sur 39 pays IDA d’Afrique subsaharienne, avec une note de 3,3/6 (un peu au-dessus de la moyenne de 3,1/6 pour l’Afrique subsaharienne). La note la plus basse concerne la gestion et les institutions du secteur public, autour de 2,7/6. Cela s’explique par la stagnation de la transparence, de la redevabilité et de la lutte contre la corruption dans le secteur public, note le CSI.

Il souligne l’urgence d’améliorer la gouvernance du secteur public à Madagascar. “Des mesures immédiates sont nécessaires pour renforcer le système juridique, garantir les droits de propriété et rendre les institutions publiques plus responsables. De plus, il est crucial de lutter contre l’accaparement des terres, qui constitue un sérieux obstacle à une croissance inclusive et durable”, note-t-il dans son rapport.

Madagascar reste un pays à risque en matière de LBC/FT

Malgré les recommandations du GAFI, le pays reste mauvais élève si l’on se réfère à la qualité du cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Le bilan du CSI révèle que Madagascar affiche un niveau de risque élevé en matière de LBC/FT avec un score de 7,43/10 pour 2023. Le pays se classe 34ème sur 54 pays africains évalués, avec un score de 44,2/100, en dessous de la moyenne continentale de 48,9/100. Entre 2012 et 2021, Madagascar n’a progressé que de 3 points, ce qui montre une progression lente de la gouvernance. “Les projets réalisés par Madagascar en matière de redevabilité et transparence, anti-corruption, participation, administration public, santé et environnement durable sont contrebalancés par la dégradation et la stagnation des scores relatifs à la sécurité et la sureté, l’Etat de droit et justice, les droits humaines, l’inclusion et l’égalité, le secteur rural et la protection sociale”, fait remarquer le CSI dans son rapport.

Madagascar est fort imprégné par le crime

En 2023, Madagascar fait partie des 63 pays ayant un taux élevé de criminalité et une faible capacité à faire face à cette criminalité, indique encore le rapport du CSI. Pour ce qui est de la criminalité, le pays a un score de 5,58/10, principalement à cause de la traite des personnes, du trafic d’armes, du trafic d’animaux et de plantes, du commerce de drogue (héroïne et cannabis) et des crimes financiers. Ce problème est aggravé par le fait que certaines personnes impliquées dans la criminalité occupent des postes publics, comme le rapport de l’IMCO le souligne.

En ce qui concerne la capacité à faire face à la criminalité (la résilience), Madagascar reste vulnérable, avec un score de 3,33/10. Les faiblesses se trouvent dans la transparence et la responsabilité du gouvernement, la coopération internationale, le système judiciaire et carcéral, la capacité à réguler l’économie, le soutien aux victimes et témoins, ainsi que la capacité de résilience des acteurs non étatiques, selon le rapport. Les crimes financiers, comme l’évasion fiscale, la fraude dans les marchés publics, le détournement de fonds publics et la fraude douanière, sont les principaux problèmes de Madagascar en matière de criminalité.
Stagnation sinon diminution du financement des organes de LCC

Entre 2023 et 2024, le budget alloué aux organes de lutte contre la corruption n’a pratiquement pas changé, note le CSI. Cependant, la part du budget consacrée aux organes de lutte contre la corruption par rapport aux dépenses totales de l’État a diminué, passant de 0,12% à 0,10%. Le budget du BIANCO a presque été réduit de moitié entre 2019 et 2024, passant de 12,78 milliards à 6,73 milliards, soit une diminution d’environ 47,36%.

Néanmoins, cette diminution du budget a été compensée par la contribution des partenaires techniques et financiers (PTF). Leur soutien financier a permis de prendre en charge certaines activités non couvertes par l’État, notamment en renforçant les capacités institutionnelles et stratégiques des organes de lutte contre la corruption et en fournissant des expertises à leurs agents. “Ces financements représentent presque l’équivalent du budget alloué par l’Etat pour le CSI en 2023. Ils concernent essentiellement les activités permettant de renforcer les capacités institutionnelles et stratégiques des organes de LCC et les expertises de leurs agents”, souligne le CSI. Il recommande ainsi “d’augmenter les ratios budgétaires alloués à la lutte contre la corruption pour rendre les actions entreprises plus conformes et efficaces et de soutenir les organes de lutte contre la corruption”.

Nambinina Jaozara

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