Les opposants au régime ont trouvé un terrain privilégié en entendant le chef de l’Etat dire, lors d’une interview sur un média international, que les Malgaches, notamment ceux qui vivent en milieu rural, sont largement satisfaits en touchant 100 euros. Sur le plan macroéconomique, cette déclaration pourrait constituer un dérapage médiatique, justifiant une fois de plus la misère dans laquelle vit la population malgache. Sauf que dans les faits, ces habitants touchant 100 euros en liquide, disposent déjà d’une richesse inestimable. L’exemple le plus précis et le plus proche serait le prix de la tomate à La Réunion qui s’élève à près de 2 euros l’unité, alors que dans la Grande île, une somme de 500 ariary permet encore d’obtenir des tomates et oignons à utiliser dans les sauces.
Comme nous venons de célébrer la fête du travail, le 1er mai, il paraît logique de parler un peu des revendications syndicales à cette occasion. Parmi les plus médiatisées aura été la demande d’une hausse de salaire car l’économie des ménages ne peut plus suivre l’inflation, dit-on. Cependant, l’histoire nous a démontré qu’à chaque hausse de salaire, les prix sur le marché ont inévitablement augmenté. A titre d’illustration, le poème de Georges Andriamanantena alias Rado écrit en 1971 et intitulé « Vola fitopolo », traduit littéralement par « Une somme de 70 ariary », dans lequel le poète indique que c’était le reste du salaire d’un père de famille après soustraction de l’avance sur salaire.
Maintenant, cette somme de 70 ariary ne vaut même pas une tomate, tellement l’ariary n’a cessé de se déprécier qu’on pourrait craindre le pire. Encore faut-il rappeler qu’au Somaliland dont le taux de change de 8.000 shillings somalilandais équivaut à un dollar, l’argent se compte plutôt en kilo qu’en valeur. Alors si nous allons encore poursuivre notre demande de hausse de salaire, nous ne pourrons nous attendre qu’à une situation similaire à celle de ce pays d’Afrique. Plus le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) augmente et plus l’ariary perd de sa valeur. Alors au lieu de demander une augmentation du Smig, il s’avère important de demander aux autorités de faire leur maximum pour stabiliser la monnaie nationale, sinon on va encore parler de hausse de salaire, et après ?
Rakoto