« Tsy takatry ny kely vola izao ny atody » ou en traduction libre, « les œufs ne sont plus accessibles aux petites bourses ». On l’aura deviné, il s’agit d’une phrase du chanteur Sareraka, extrait de son titre « Méditation » qui a connu un vif succès dans les années 80-90, du temps de la révolution socialiste durant laquelle il faut bien l’admettre, les Malgaches vivaient en grande difficulté. Plus d’une trentaine d’années après, ce fameux titre de Sareraka est pour ainsi dire tombé aux oubliettes, face à divers genres musicaux.
Cependant, force est de reconnaître que les paroles de la chanson sont toujours d’actualité en ce 21e siècle déjà en phase de terminer son premier quart. Pour preuve, il suffit de prendre en considération le prix d’un œuf sur les étals des marchés pour s’en convaincre. Bien avant la fête de Pentecôte, l’unité de ce produit nécessaire pour la santé de l’être humain (sans en abuser cependant) n’est plus descendue à moins de 600 ariary si auparavant, on pouvait s’en acquérir avec 400 ariary, voire moins pour les petits gabarits.
Et c’est justement là où la chanson de Sareraka a encore tout son pesant d’or, euh plutôt son pesant de vérité. Car à bien y réfléchir, acheter ne serait qu’un œuf pour un petit foyer de deux, trois ou quatre personnes avec l’actuel salaire minimum (un peu plus de 230.000 ariary) ne peut que relever d’une gageure, en sachant qu’il faut avant tout affecter cette somme aux premières dépenses indispensables (loyer, Jirama, approvisionnement en PPN, frais de déplacement et de scolarité des enfants, dettes à honorer, etc.). Ce n’est qu’après que la petite famille peut penser à se permettre des petites gourmandises, genre acheter un peu de viande, un ou des œufs.
Et dire qu’une telle situation a déjà prévalu depuis plus de 30 ans pour 80% de foyers malgaches vivant dans une pauvreté ambiante, et que cela continue toujours à l’heure actuelle. Méditation !
Elia R.