Ne pas tricher

Chaque année, la journée du 29 mars est dédiée à la commémoration des martyrs de mars 1947, évènement qui a marqué en rouge sang l’histoire du pays. S’agissait-il d’une jacquerie ou d’une simple rébellion ? Chacun a sa réponse à ce sujet. Mais pour beaucoup de Malgaches, c’était une lutte de libération na­tionale contre l’occupation coloniale.
Quoique les souvenirs et les conséquences de cet évènement soient encore vivaces dans l’esprit de beaucoup de gens, 77 ans déjà sont passés depuis cet évènement. Mais même si le temps passe vite, de nombreuses familles se remémorent toujours de tous leurs proches qui ont perdu leur vie à cause de cet évènement.
Mais il y a encore un certain nombre de personnes qui prétendent avoir participé à cette lutte et qui sont encore vivants aujourd’hui. A ce titre, ces anciens combattants sont considérés comme des héros et jouissent pour cette raison, de l’admiration des nouvelles générations. C’est l’Etat tout entier qui leur est reconnaissant pour leur bravoure.
Et justement, il est tout à fait légitime de se demander si toutes ces personnes ont véritablement directement participé à cette lutte. Si on fait bien le compte, au moment de cet évènement, si le prétendant ancien combattant n’avait que 15 ans, aujourd’hui, il serait âgé de 92 ans ! D’où la question : Ces
« survivants » ont-ils tous cet âge ou plus ?
Par ailleurs, qu’on le veuille ou non, à 15 ans – l’âge supposé qu’ils de­vaient avoir à cet épo­que-là -, il est difficile de croire que leur sentiment de patriotisme était déjà très développé précocement au point d’oser défier les représentants de la puissance coloniale qui avaient une puissance de feu largement su­périeure à la leur.
A cet âge-là, on peut croire que leur principal souci était autre. A moins qu’ils n’aient été recrutés pour des missions qui n’ont rien à voir avec les actions directes engagées par les nationalistes malgaches. On serait plus enclin à croire qu’ils étaient de simples spectateurs à cet âge-là et donc subissaient seulement les
évènements.
Bien évidemment, on ne peut pas se permettre de mettre tout le monde dans le même panier. Il y a toujours des exceptions. Certains auraient pu être engagés comme coursiers pour faire la liaison entre les différentes fractions du mouvement nationaliste ou observateurs des mouvements des troupes coloniales donc, sans contact direct avec les forces d’oppression. Ce qui n’était pas moins dangereux.
Si la participation directe ou non des rares survivants aux évènement de mars 1947 est ainsi remise en question, c’est par souci de vérité et pour que l’histoire de la nation malgache ne soit pas biaisée. Les évènements de mars 1947 ont tellement marqué l’esprit des Malgaches jusqu’à ce jour qu’il importe de ne pas tricher.

Aimé Andrianina

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