Pour une fois…

La campagne crevettière est ouverte de­puis le 1er mars pour la grande joie des exportateurs de ce produit de mer très apprécié même au-delà de nos frontières. Cela se comprend quand on sait qu’en 2024, la valeur des exportations de crevettes est estimée à 105,67 milliards d’ari­ary.
L’Etat y trouve également son compte car les exportations de crevettes génèrent des revenus significatifs au profit de l’Etat (plus d’une dizaine de mil­liards d’ariary). Même l’octroi de licences de pêche a permis de collecter plus d’une dizaine de milliards en re­cettes fiscales.
Bien évidemment, les pêcheurs artisanaux de crevettes ne seront pas en reste. Pour eux, c’est avec la pêche aux crevettes qu’ils subviennent vraiment aux be­soins de leur famille res­pective. Autrement dit, les trois mois de fermeture officielle annuelle de la pêche aux crevettes représente pour eux une période de vache maigre.
Quant aux consommateurs locaux, c’est tou­jours une bonne chose de trouver de nouveau des produits frais sur le marché. Effectivement, ces deux derniers mois, les seules crevettes dis­ponibles étaient des produits sur-congelés dont le goût et l’aspect étaient loin de donner une en­tière satisfaction.
Toutefois, il faut no­ter que, globalement, les crevettes qu’on trouve sur place sont de loin en dessous de celles qui sont exportées en termes de qualité. Pour ceux qui peuvent se le permettre, il faut payer le prix fort pour avoir des crevettes de gros calibres. Autre­ment, il faut se contenter des crevettes de seconde catégorie.
C’est la rançon amère à payer en raison du grand succès à l’étranger de nos produits d’exportation phares. D’aucuns ignorent que les acheteurs étrangers sont très exigeants sur de nombreux aspects concernant les produits qu’on leur livre. Et les exportateurs sont obligés de s’y soumettre.
C’est tout comme le litchi, cette année. Déjà, la production n’était pas bonne, surtout pour des raisons climatiques. Mais par tous les moyens, il fallait satisfaire les commandes étrangères au risque de perdre un marché essentiel pour les exportateurs. Tout cela au détriment des con­sommateurs locaux.
En fin de compte, le litchi est devenu un produit rare sur le marché local. Le kilo s’est vendu à environ à 50.000 ariary en pleine campagne. Du jamais vu ! Beaucoup
ont dû s’en passer et attendre la prochaine saison pour en consommer, éventuellement.
Toutefois, cette situation a été salutaire pour une catégorie de personnes. Il s’agit de tous ces employés de la Commu­ne chargés du nettoyage quotidien des rues de la capitale. Pour une fois, ils n’avaient pas à s’occuper, tous les jours, des tonnes et des tonnes de détritus inséparables de la campagne de litchi.

Aimé Andrianina

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