A bout de souffle

En France, la célébration du 1er mai 2023 a été considérée com­me explosive car elle se déroule dans la suite de la mobilisation in­tersyndicale contre la réforme des retraites depuis plusieurs jours. Jusqu’à 1,5 million de manifestants ont été attendus par les syndicats dans toute la France, d’où la mobilisation d’un important nombre des représentants des forces de l’ordre par les autorités. Par ailleurs, on notera une nouveauté avec l’utilisation de drones pour détecter les casseurs. Mais cela a suscité une polémique.
A Madagascar, dans le cadre de la célébration de cette Journée internationale du travail, la situation était toute autre. La célébration a été placée sous un signe bon enfant, dans une ambiance festive car un carnaval a accom­pagné la manifestation. Pourtant, le thème adopté cette année est des plus percutants. Il s’agit, ni plus ni moins, que du ras-le-bol des travail­leurs malgaches face à la dégradation de leur pouvoir d’achat.
Effectivement, la dé­térioration du pouvoir d’achat constitue aujourd’hui le cheval de ba­taille des syndicats. Ce qui devrait avoir un effet mobilisateur dans la me­sure où ce phénomène concerne non seulement les salariés mais également la grande majorité de la population. Tout le monde souffre de cette inflation galopante sans que de véritables so­lutions ne soient apportées. La hausse continue des prix des produits de première nécessité a un impact direct sur le pa­nier de chaque ménagère.
Mais qu’on le veuille ou non, nonobstant l’importance du thème choisi, il faut reconnaître que les syndicats ont perdu de leur lustre et ne parviennent plus à remobiliser les travailleurs com­me auparavant. On con­state une perte de crédibilité. Ce phénomène s’explique entre autres par la tendance des syndicats à agir plus dans la politique que dans le social. Et l’affiliation directe de certains syndicats à un parti politique n’est pas de nature à arranger les choses.
Face à une situation qui ne cesse de s’aggraver, les travailleurs n’ont d’autres solutions que d’agir individuellement pour essayer, tant bien que mal, de survivre. Parmi ces solutions, beaucoup de travailleurs doivent pratiquer d’activités, des petits boulots qui leurs permettent, autant que faire se peut, de se procurer des revenus additionnels. Mais, bien évidemment, cela pourrait avoir des répercussions sur leur activité principale qui en souffrirait, faute de concentration soutenue.
Mais cette situation ne cesse de se détériorer. La conjugaison d’une rémunération insuffisante avec une inflation non maîtrisée amène forcément le travailleur à se débrouiller autrement. D’autant plus que dans certains cas, les conditions de travail ne montrent aucune amélioration, si elles n’empirent pas. Finalement, les travailleurs sont à bout de souffle.

Aimé Andrianina

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