Dommage. La volteface du collectif des candidats a mis fin à l’ambiance préélectorale qu’on a pu ressentir comme une ambiance de confiance et rassurante, durant la période de dépôt des candidatures à l’élection présidentielle, auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) d’Ambohidahy. Un bon présage quant au déroulement sans anicroche de la prochaine élection présidentielle qui approche à grands pas. Un sentiment rassurant de stabilité, renforcé après la publication de la liste définitive des candidats, puis le tirage au sort des numéros d’ordre sur le bulletin unique, sous la férule de la Ceni, retransmis en direct sur les chaînes nationales.
A ce stade du processus, il est légitime de croire que la campagne digne de ce nom, allait vraiment battre son plein et que tous
les candidats entourés d’équipe de collaborateurs, vont sillonner le pays, pour aller à la rencontre de la population et des électeurs, en présentant les tenants et aboutissants de leurs programmes de développement. Mais à l’allure où vont les choses, la situation tendue susceptible de dégénérer en crise politique, risque de compromettre la tenue prochaine de ce scrutin présidentiel.
La recomposition de la Ceni, la mise en place d’une Chambre électorale spéciale à la Haute Cour Constitutionnelle, un gouvernement recomposé, un accord politique, sont les principales conditions posées par le collectif des 11 candidats, pour la poursuite du processus électoral.
Accord politique
Et puis, le mot est lâché : « on veut un accord politique ». ! Un accord politique ? Pourquoi en ce moment ? Quelle en sera l’utilité ? Mais surtout quelle en sera la finalité ? En tout cas, l’histoire politique malgache retiendra qu’ un accord politique implique toujours un
« partage du gâteau ». Et concernant la quasi-totalité de 11 candidats à l’élection présidentielle, on n’apprend pas aux vieux singes à faire la grimace.
Dans ce sens, il faudrait repartir entre les forces politiques à l’origine de la crise, les différents postes de ministres. Histoire de renflouer un peu les caisses du parti, pour ne pas dire les caisses de la campagne de propagande. Difficile de croire qu’un accord politique en cette période électorale, puisse déroger à cette règle de partage. Pour les politiciens sans vergogne, la Transition serait une période d’abondance.
Quoi qu’il en soit, maintenir la date du 9 novembre 2023, pour la tenue du 1er tour de la présidentielle, serait difficile, voire impossible si les forces politiques s’amusent encore à recomposer la Ceni, le Gouvernement et la HCC, pour satisfaire les clauses politiques.
Point n’est besoin de rappeler qu’il fallait procéder à des élections au niveau de différentes institutions et ordres tels que les deux Chambres parlementaires, pour avoir les compositions actuelles de la Ceni et la HCC. Sans parler des tractations chronophages habituelles qui précèdent un remaniement gouvernemental.
Donc à moins de fouler aux pieds les différents textes législatifs, il faudrait encore repasser par plusieurs procédures, pour satisfaire les revendications de ces candidats à l’élection présidentielle. Pas sûr qu’on arrive à tout mettre en place en quelques jours si par pire des choses, le régime actuel se plie aux caprices des 11 candidats, alors que la date du 9 novembre approche à grands pas.
Incompréhension
Ce faux bond bien avant l’heure des 11 candidats, suscite l’incompréhension de l’opinion publique dont une grande partie attendait depuis belle lurette la tenue de cette élection présidentielle, pour choisir celui qui dirigera le pays pour le prochain quinquennat. En un mot, une élection présidentielle dans les règles de l’art et non pas une nouvelle crise politique.
Il va sans dire qu’une nouvelle crise politique serait difficile à endurer pour le peuple frappé par l’inflation. Bon nombre de gens, surtout dans les grandes villes, vivent au jour le jour, une bonne poignée
d’entreprises et de sociétés pansent encore les plaies de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, et voilà qu’une nouvelle crise politique pointe son nez. Il est clair qu’il n’y a qu’une seule issue possible pour départager tout ce beau monde de la politique : les urnes. Seule l’élection nous permettait de tout remettre en place. « Aux urnes citoyens ! ».
J.P