Attendons voir

« Le secteur minier malgache pourrait rep­résenter jusqu’à 14% du PIB à l’horizon 2025 ». Ce n’est pas un rêve, cela a été publié noir sur blanc dans le « Rapport pays 2023 sur Madagascar » de la Banque africaine de développement (Bad). Pour cela, il faut miser à fond sur les grands projets miniers. C’est à croire que ce serait là la solution miracle pour sortir le pays de son extrême pauvreté en étant classé parmi les 5 pays les plus pauvres du monde.
Cette estimation de la Bad est très importante car actuellement, l’exploitation de l’ilménite, du cobalt et du nickel ne contribuerait qu’à hauteur de 1,5% du PIB. En tout, le secteur minier contribue à 4,62% du PIB de Mada­gascar. Ce qui donne une grande différence. La mise en place de nouveaux grands projets miniers est encore pos­sible car Madagascar dispose d’un potentiel minier considérable. Et 2025, ce n’est pas tellement loin.
Mais c’’est un jargon qu’on a entendu depuis des millénaires. Il ne faut pas s’attendre à des miracles d’ici demain. Beaucoup trop de facteurs sont à prendre en considération pour que le secteur minier apporte vraiment la stimulation nécessaire à la croissance du pays. On ne peut pas s’attendre à ce que ces gros contrats miniers soient bénéfiques pour le pays quand les commissions perçues par les négociateurs nationaux l’emportent sur l’intérêt du pays.
En conséquence, nos minerais sont bradés aux premiers gros investisseurs miniers venus sans un véritable bénéfice pour le pays. Or, ce sont des produits non renouvelables et une fois que les mines sont épuisées on ne peut plus rien en tirer, à jamais. C’est pourquoi il faut penser aux générations futures et ne pas dilapider toutes ces richesses du sous-sol juste pour assouvir des intérêts personnels. Les intérêts de la nation toute entière doivent toujours rester la priorité des priorités.
Si aujourd’hui on assiste à une hausse de la demande en minerais, il ne s’agit pas seulement d’ilménite, de cobalt, de nickel… Les terres rares sont aujourd’hui les plus demandées. Ces dernières constituent actuellement des minerais stratégiques. Et Madagascar a la chance d’en posséder. Mais pour les ex­ploiter, on a besoin de nouvelles bases de négociation et ne plus se contenter de miettes telles que les ristournes…
Il faut avancer dans des négociations plus approfondies, genre partage de production, un système dans lequel toutes les parties seront gagnantes. Dans un con­trat minier, il n’est pas destiné que l’une des parties soit perdante. Entre des parties de bonne volonté, on peut toujours trouver un con­sensus qui puisse satisfaire tout le monde. Mais pour le moment, tout ce qu’on peut dire est : « Attendons voir ».

Aimé Andrianina

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