Commerce extérieur : un secteur porteur pour l’économie malgache

A Madagascar, les potentialités agricoles et les richesses naturelles offrent des opportunités incontestables pour favoriser les exportations. Néanmoins, l’observation de la réalité malgache est surprenante. La production ne couvre même pas les besoins alimentaires de la population, surtout en riz, ce qui porte atteinte à l’équilibre import-export. Comment et pourquoi les exportations peuvent-elles bénéficier à l’économie générale de Madagascar ?

Notre objectif est d’évaluer les incidences du commerce extérieur sur le développement économique de l’île, en vue d’améliorer la balance commerciale. Dans l’hypothèse où la balance commerciale est déficitaire, le développement économique du territoire national sera difficilement réalisable. En revanche, si la valeur des exportations est supérieure à celle des importations, la situation du pays s’améliorera davantage grâce à l’entrée des devises.

L’histoire du commerce international est aussi ancienne que l’histoire de l’humanité. Dès l’Antiquité, on sait que les échanges entre nations servaient à relier les civilisations de la même façon qu’aujourd’hui, où ils sont parmi les ingrédients essentiels de la mondialisation. La part des pays en voie de développement, comme Madagascar reste très marginale sur le marché mondial et les barrières commerciales imposées par les pays industrialisés se répercutent aisément sur leurs économies.

Le concept de développement économique

Le développement économique, stricto sensu, consiste en un relèvement durable du niveau de vie. Celui-ci est mesuré non seulement par le niveau de la consommation, mais aussi par le niveau d’instruction et l’état sanitaire de la population ainsi que par le degré de protection de l’environnement. Depuis les années 90, on constate un glissement conceptuel vers le développement humain durable.

Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rend apte à faire croitre cumulativement et durablement son produit réel global, c’est-à-dire la croissance économique. La question se pose essentiellement sur la combinaison des politiques et des institutions capables de façonner ce processus de croissance. La prise en compte simultanée des aspects qualitatifs et quantitatifs de processus de croissance permet d’énoncer trois principes élémentaires : L’accent sur tous les actifs (capital physique, humaine et naturel), la prise en compte des aspects distributifs dans le temps ainsi que l’importance accordée à la mise en place d’un cadre institutionnel approprié et à une bonne gouvernance.
Le rôle du commerce extérieur sur le développement économique de Madagascar

Pour les pays développés, le marché tient une place prépondérante dans une économie. Il constitue la base du développement. En revanche, dans les pays en voie de développement, surtout en Afrique, le rôle de marché dans l’économie reste insignifiant et la performance des exportations demeure très faible.

A Madagascar, le développement par la recherche de nouveaux marchés reste mineur même s’il existe plusieurs atouts non exploités que l’on peut entreprendre pour développer les exportations.

Tout d’abord, les entreprises d’un pays doivent avoir accès à des marchés étrangers plus vastes et plus riches pour générer le niveau de demande requis pour générer des économies d’échelle qui, à leur tour, ouvriront la porte à une croissance économique soutenue. Ceci est particulièrement vrai pour les pays à faible revenu dont le marché intérieur a une taille restreinte.
L’ouverture aux échanges : les espoirs et les contraintes

Sous le souffle de la globalisation des échanges, à l’instar de nombreux pays en voie de développement, Madagascar s’est engagée sur la voie de l’ouverture économique. Elle espère ainsi retrouver le chemin de la croissance, en libéralisant les échanges extérieurs et en encourageant plus particulièrement les exportations manufacturières. Mais l’évaluation concrète de la relation entre les exportations et le niveau de la croissance de 1960 à nos jours montre des liens positifs ténus, compte tenu du faible poids du commerce extérieur dans le PIB. Le sens de la causalité révèle un renforcement mutuel des deux variables, plutôt qu’une croissance tirée par les exportations. Au vu de l’expérience passée de l’Ile, l’effet d’entraînement des échanges sur la croissance économique n’est pas probant.

En outre, et c’est encore plus important, le commerce permet aux entreprises des pays en développement d’accéder à des technologies qui sont essentielles pour améliorer leur productivité et leur compétitivité et qui vont entraîner des opportunités de croissance et d’emplois, y compris pour les hommes et les femmes pauvres.

De plus, comme en atteste l’expérience des nouvelles économies industrialisées d’Asie entre les années 60 et la fin des années 90, les derniers arrivés peuvent, si les conditions préalables et les déterminants requis sont réunis, tirer profit des progrès technologiques les plus récents et se contenter d’acheter des technologies pour leur propre développement industriel, pour un coût relativement plus faible et un risque moindre.

Par ailleurs, les exportations représentent la principale option pour obtenir les recettes en devises nécessaires pour financer les importations de biens intermédiaires et d’équipement incorporant des technologies modernes. De plus, la concurrence incite les entreprises à accroître leur productivité. Grâce aux gains d’efficience obtenus à force d’exporter, le commerce pouvait aussi améliorer la productivité. Cette plus grande efficience des entreprises nationales profite aussi aux consommateurs, y compris les pauvres, à travers une baisse des prix. Bien sûr, les exportations doivent augmenter au même rythme que la demande d’importations. A défaut de quoi le pays serait menacé par l’accumulation d’une dette extérieure insoutenable pouvant compromettre la durabilité de sa croissance.

Les signes d’une lente progression

L’analyse de l’évolution des caractéristiques des échanges extérieurs montre des signes prometteurs depuis l’ouverture économique. La montée des exportations non traditionnelles est manifeste. En face, la libéralisation des importations se traduit par une croissance de leur volume, et par la possibilité d’accéder à des biens moins chers en faisant jouer concurrence entre les importateurs.

On constate par ailleurs une diversification des partenaires dans les échanges, ce qui accentue les possibilités d’extension des débouchés et le choix entre différents fournisseurs. Mais ces dynamiques en cours sont encore limitées ; Les exportations sont toujours concentrées autour de quelques produits qui globalement stagnent ou régressent. Suite à la diminution des taxes, et au désengagement de l’Etat des circuits de commercialisation de l’agriculture de rente, les prix réels au producteur se sont améliorés, mais les réponses de l’offre sont timides.

Du côté des importations, la forte montée de leur volume donne une idée de l’ampleur des besoins de l’économie qui ont été contraints durant la période de fermeture. La hausse touche aussi bien les équipements et les biens intermédiaires que les produits de consommation courante. La stratégie d’import- substitution n’a dons pas pour autant permis l’arrivée sur le marché de produits locaux compétitifs. La production locale n’arrive pas à se substituer aux importations. Le faible dynamisme des exportations et le poids des intérêts de la dette entraînent le déséquilibre chronique de la balance courante, un problème qui reste irrésolu. Ainsi, des signes positifs sont constatés depuis la libéralisation des échanges mais, malgré tout, les résultats de l’ouverture extérieure sont faibles.

La contribution du commerce extérieur dans le développement économique malgache

Actuellement, le commerce extérieur constitue l’un des piliers incontestables de la croissance spectaculaire de certains pays comme la Chine. Pour les libéraux, le commerce international est source de gain. Les avantages liés à l’intégration régionale sont incontestables, tant pour la nation que pour les entreprises privées.

L’intégration économique régionale accélère le processus de délocalisation, source de création d’emploi donc d’augmentation de revenu pour les résidents et Augmentation des Investissements Directs Etrangers ou IDE. Elle a permis aux opérateurs malgaches d’avoir accès à des zones marchandes plus vastes, comme les pays membres de la COI, du Comesa, et de la SADC. Grâce à des marchés proches et librement accessibles, les entreprises exportatrices bénéficient d’économies d’échelle au bénéfice de leur compétitivité.

Andriatahina Rakotoarisoa
(Economiste)

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