Développement de l’aérien à Madagascar : les vols domestiques au cœur des préoccupations

Le secteur du tourisme ne peut pas se développer sans les infrastructures adéquates, suffisantes et résilientes. Au- jourd’hui, les opérateurs réclament surtout plus de liaisons aériennes. Il faut dire que le niveau avant la crise sanitaire n’est pas encore atteint. Au cours d’une table ronde portant sur le thème “Le développement de la filière aérienne à Madagascar”, lors du salon international des transports, de la logistique et de la manutention le 11 avril dernier, toutes les entités intervenant dans le secteur du transport aérien ont été unanimes sur la nécessité d’un réseau domestique fort.

Zoelisoa Rajohnson, directrice commerciale et marketing de Ravinala Airports qui gère, maintient et entretient les aéroports d’Antananarivo et de Nosy Be, se montre plutôt enthousiaste. “Nous ambitionnons de devenir d’ici 2025 un aéroport de référence en termes de qualité de service ou de nombre de passagers (…) On cherche des points sur lesquels on peut se mettre en avant et se différencier par rapport à d’autres aéroports dans le monde”, expose la directrice commerciale et marketing. “En 2023, nous avons fini à 83% du niveau de 2019. Il y a encore une grande marge de manœuvre pour pouvoir reprendre le trafic d’avant” poursuit-elle.

Autre acteur du secteur, l’Adema qui gère en tout 56 aéroports et aérodromes à Madagascar, avec pour mission principale de les développer dans le dessein d’améliorer le réseau domestique. D’après le directeur général Jean-Germain Andrianiaina, “Adema a réhabilité et modernisé les aérodromes d’Antalaha, qui était délaissé depuis longtemps. Pour les 10 principaux aéroports qui sont déficitaires, notre stratégie c’est de trouver le meilleur financement”, souligne-t-il.

Adema projette actuellement la mise en place d’un troisième aéroport qui assure des vols long courrier, donc prioritairement celui de Toliara qui est doté d’une piste de 2.000 mètres. Une réhabilitation de cette piste pour atteindre les 2.600 mètres est envisagée.

De son côté, Paul Fréderic Andrianasitera, directeur des affaires juridiques et économiques de l’Aviation Civile de Madagascar a fait savoir que “statistiquement, pour le trafic international, 2023 a encore été à moins 13% en termes d’arrivées par rapport à 2019, et à moins 22% de passagers au niveau domestique. Nous sommes encore à la recherche de la vitesse de croisière pour atteindre les chiffres de 2019. Malgré tout, le trafic est en hausse et on table cette année sur moins de 6% par rapport à 2019”.

Du côté des compagnies aériennes, optimisme et expectative se mélangent. Madagascar Airlines poursuit son redressement avec ses partenaires dont la Banque Mondiale et le ministère de tutelle “L’objectif est d’atteindre la rentabilité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La dernière fois où la compagnie était rentable, c’était en 2010”, note Karl Andrianony, directeur commercial de la compagnie qui en est à deux ATR à l’heure actuelle.

Lui de poursuivre que le troisième ATR devrait être déployé en mai, le quatrième en juillet, le cinquième en septembre. D’autres appareils devraient encore arriver l’année prochaine, selon les hypothèses.

“L’aérien est un maillon important de la chaîne logistique du transport, surtout pour une île comme Madagascar. Mais on ne peut pas faire abstraction des infrastructures routières et du domestique”, pose pour sa part Michelle Rakotonaivo, d’Adl fly /Corsair qui, après quatre ans d’absence, dessert à nouveau Madagascar depuis le mois de juin 2023 à raison de deux fréquences de vol par semaine (Tana-Réunion et Tana-Paris, escale à la Réunion). “Nous dépendons des passagers et du fret. On parle de touristes, de business, et de la diaspora. Nous avons de la diaspora des deux côtés et des passagers qui arrivent à Tana mais qui n’y restent pas toujours. D’où l’importance d’un réseau domestique fort, alors qu’il est déjà arrivé que presque la moitié des passagers pour La Réunion soit retardé à Sainte-Marie car il n’y avait pas de vol de Tsaradia”, regrette-t-elle.

Tiana Ramanoelina

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