Un fait rare

Les routes de Ma­dagascar sont incontestablement un sujet de discussion intarissable. Leur état actuel est tel qu’elles feront parler un muet. Bien sûr, en cette saison de fin de la période des pluies, on va s’atteler, autant que faire se peut, à la réhabilitation de certaines portions de route.
Bien évidemment,
il va sans dire que ce seront les principaux axes routiers tels que les routes nationales
et notamment celles qui ont subi le plus de dommages qui seront réhabilitées en priorité. Quant aux autres, leur sort respectif sera laissé à la bonne volonté des autorités locales.
Seulement, bien trop souvent, ces autorités ne disposent pas de moyens suffisants pour procéder aux travaux requis pour donner un semblant de praticabilité à ces routes. C’est certainement, à partir de cet état des choses que la Banque mondiale est arrivée à une triste con­clusion.
Effectivement, selon cette institution finan­cière internationale de Breton Woods, 90% du réseau routier de Mada­gascar reste non revêtu. Autrement dit, 10% seulement du réseau sont revêtus. Encore faut-il souligner que parmi
celles-ci, 70% montrent des signes de dégradation.
Pour certaines portions de route comme la RN2, ce ne sont plus des signes. L’état de dégradation est bien réel si bien que pour les usagers, c’est devenu une véritable galère d’y circuler. L’annonce d’une prochaine réhabilitation de cet axe routier a été accueillie favorablement par toute la population.
Toutefois, il existe une autre conclusion plus importante qui mé­rite qu’on s’y penche. En effet, il a été précisé que dans les zones rurales, seulement 11% de la po­pulation vivent à moins de 2 km d’une route praticable en toute saison et en bon état. Ce qui veut dire que pour près de 90% de la population rurale, pendant certaine saison, il faut au moins faire 2 km avant de trouver une route praticable.
Cette situation mon­tre toutes les difficultés pour la grande majorité de la population malgache de pouvoir accéder à une route praticable toute l’année. Autrement dit, l’accessibilité à ce type de route est largement tributaire de la saison. Il va de soi que pendant la période de pluie, ces routes sont impraticables.
D’aucuns ignorent que la grande majorité de la population malgache vit en milieu rural et que pour une raison ou une autre (vente de la production, approche des centres de santé
de base…), elle se trou­ve dans l’obligation de se déplacer, quoi qu’il advienne, quelles que soient les difficultés. Ce qui n’est jamais évident.
Selon la Banque mondiale, ce manque de con­nectivité limite sensib­lement le potentiel de développement du pays. Ainsi, l’existence d’une route praticable pendant toute l’année, sans considération aucune de la saison, est devenue un fait rare.

Aimé Andrianina

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