Matière à réflexion

Selon la dernière projection démographique de l’Institut national de la statistique (Instat), la population malgache se chiffrerait à 30 881 969 âmes. Cet effectif de la population progresse très vite et il n’est pas étonnant que dans le cadre de la même projection, on estime que la population malgache atteindra le chiffre de 35 550 282 d’ici 5 ans, soit en 2029.
On remarquera que le taux de natalité reste plus élevé dans les zones rurales. Ce phénomène s’explique pour différentes raisons. Tout d’abord, en l’insuffisance voire l’absence de loisirs, la population rurale n’a d’autre choix que de faire des enfants. Au­trement dit, la sensibilisation en matière de planning familial y présente une certaine inefficacité.
D’autant plus que dans les zones rurales, le taux de natalité est boosté par la maternité précoce des jeunes filles. Sociologiquement parlant, dans beaucoup de zones rurales, les enfants sont considérés comme une richesse. Le nombre de bras disponibles pour effectuer les travaux agricoles dans les champs compte beaucoup, la mécanisation agricole étant encore peu développée.
Toutefois, à la longue, comme les surfaces cultivées n’augmentent pas, on se trouve dans une situation où l’exploitation ne suffit pas au nombre grandissant des héritiers. Dans ce cas de figure, des tensions naissent entre les membres d’une même communauté familiale. En fin de compte, certains sont obligés de partir, d’où l’exode forcée.
Par contre, en milieu urbain, au sein des fa­milles défavorisées, les enfants sont soumis à l’exploitation. Beaucoup de ces enfants sont formés à la mendicité dans de nombreux quartiers des grandes villes du pays. C’est une forme d’exploitation que l’on retrouve partout. Et plus les enfants sont nom­breux, plus les « recettes » éventuelles sont importantes.
Mais d’un autre point de vue, cette évolution rapide de la population nationale peut présenter des avantages. En effet, l’ambassadeur accrédité à Madagascar d’un pays qui s’implique profondément dans le développement et plus particulièrement dans le développement agricole a avancé une théorie qui diffère des sentiers battus.
Quand on lui demandé pourquoi Madagas­car reste sous-développé et pourquoi ne parvient-on pas à atteindre l’autosuffisance alimentaire, il a répondu tout simplement : « Vous avez de grandes espaces à ex­ploiter, mais l’effectif de la population malgache est trop insuffisante pour pouvoir les travailler. Or, d’un autre côté, la mécanisation agricole est encore trop faible ».
C’était évidemment une réponse à laquelle on ne s’attendait pas du tout. Et quand on lui rétorqué que le pays connaît déjà le kere dans certaines régions et qu’avec une population plus importante, on risque que la famine ne se généralise. Sans se démonter, il a ajouté : « Quand il y en a pour 10, il y en aura suffisamment pour 50 ou 100 si tout le monde travaille ». Une matière à réflexion.

Aimé Andrianina

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